C’est mercredi le premier jour de mobilisation contre le projet de loi El Khomri, la nouvelle loi Travail. Et déjà, des premiers blocages de lycées et d’universités ont lieu mercredi un peu partout en France. Cette mobilisation, qui rappelle celle de 2005 contre le CPE est encouragée par l’Unef, le principal syndicat étudiant, ainsi que l’UNL, l’Union Nationale Lycéenne. En revanche, le mouvement n'est pas rejoint par l’UNI, l’Union nationale inter-universitaire, qui elle, appelle au maintien des cours dans les facultés.
Le Grand Direct de l'actu, mercredi, était donc dédié à cette mobilisation des jeunes et, pour en parler, Europe 1 avait quatre invités en studio :
-Marthe Corpet, la trésorière du syndicat UNEF (le premier syndicat d'étudiants)
-Samya Mokthar, la présidente de l’Union Nationale Lycéenne (le principal syndicat lycéen)
-Jens Villumsen, le délégué national de l’UNI (le principal syndicat de droite d'étudiants)
-Delphine Granier, analyste au think tank Génération Libre (un think tank apolitique créé en 2013).
Les quatre invités ont énoncé leurs arguments. Alors pour ou contre le projet de loi El Khomri ? Voici quelques extraits du débat :
POUR la loi El Khomri :
- Jens Villumsen: "Nous ne serons pas dans la rue cet après-midi car on considère que l’université est un endroit où l’on doit apprendre des choses. Le rôle de l’université n’est pas de servir de tribune pour une petite guéguerre interne à la gauche entre le gouvernement et les frondeurs qui se renvoient la balle sur la loi El Khomri. Nous considérons que la loi El Khomri ne révolutionne pas le droit du travail, il y a des améliorations à y apporter, mais concrètement aujourd’hui les problèmes des jeunes sont bien plus importants que la simple loi El Khomri. Il y a des avancées dans cette loi".
- Delphine Granier: "Il y a des personnes, comme le prix Nobel d’Economie, qui ont défendu cette loi et je pense moi justement que c’est une loi qui va dans le bon sens. Aujourd’hui, le problème principal c’est qu’on a un marché du travail qui est fracturé en France avec d’un côté des gens qui sont des “insiders” qui peuvent obtenir un CDI facilement et de l’autre côté, des personnes précaires, peu formées qui sont exclues du marché du travail. Or le but de cette loi est de lutter contre la précarité et de favoriser l’embauche en CDI. Donc je ne vois pas, quand on est jeune aujourd’hui en France, comment on peut s’opposer à un objectif pareil".
CONTRE la loi El Khomri :
- Marthe Corpet : "Cette manifestation permet de dénoncer un projet de loi qui crispe les jeunes et qui, par ailleurs, est marqué par une opposition assez franche de la société. Ce projet de loi ne va pas du tout améliorer la situation du chômage mais au contraire, va encore plus précariser les travailleurs. Il y a donc plus de 230 actions qui sont prévues aujourd’hui et on attend tous les jeunes dans la rue. Quand je regarde ce projet de loi et que je vois que demain il va falloir que je travaille plus pour gagner moins et qu’en plus, je pourrais être virée plus facilement, je ne vois pas ce qu’il y a de positif".
- Samya Mokhtar : "Nous sommes formellement opposés à ce projet de loi. Je suis lycéenne et je me pose des questions sur mon avenir. Deja très tôt, on nous demande de nous orienter vers une voie profesionnelle mais maintenant, je m’inquiète de ce que je vais pouvoir faire dans cinq ou dix ans. Donc oui, aujourd’hui je vais manifester contre cette loi qui précarise les jeunes”.