Cinquante-trois personnes ont fait l'objet d'une interdiction de participer aux manifestations contre la loi Travail en France, a annoncé mardi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve devant la commission des lois de l'Assemblée nationale. "Au niveau national, ce sont donc 53 arrêtés préfectoraux qui ont été signés, dont 48 notifiés", a-t-il affirmé, ajoutant qu'un arrêté, celui visant un journaliste photographe, avait été "levé mardi matin" et que certains avaient "fait l'objet de suspension" par la justice administrative.
Bernard Cazeneuve défend les interdictions de manifester. Le ministre de l'Intérieur, qui soutenait la troisième loi de prorogation de l'état d'urgence, a défendu ces arrêtés : "une mesure circonstanciée, proportionnée et non pas une interdiction générale et absolue de manifester". Selon lui, ces mesures permettent "de concilier le droit de manifester avec la protection des Français face au péril imminent que constitue la menace terroriste". Sur les 53 arrêtés préfectoraux, 41 l'ont été par le préfet de police de Paris, huit par le préfet de Loire-Atlantique, un par le préfet d'Ille-et-Vilaine, trois par le préfet de Haute-Garonne.
Neuf arrêtés sur dix suspendus. Mardi, la justice administrative a suspendu neuf arrêtés sur dix émis par le préfet de police de Paris. Médiatisée, l'interdiction faite à un journaliste photographe de se rendre sur les lieux de la manifestation avait elle été levée par la préfecture de police avant l'audience. Pour Bernard Cazeneuve, "le juge administratif prend une position qui doit nous inciter à la plus grande méticulosité". "Il faudra regarder de très près quels sont les considérants du juge administratif", qui permettront de "bien mesurer ce qu'est le champ possible de l'intervention de l'État en matière de police administrative".
Le ministre de l'Intérieur a ajouté que depuis le début des manifestations contre la loi Travail, plus de 1.300 individus ont été interpellés pour des faits de violence, 819 d'entre eux placés en garde à vue et 51 déjà condamnés par la justice.