La gauche n'a pas fini de se déchirer autour de la laïcité. Le syndicat étudiant Unef, qui participe à la mobilisation contre la réforme de l'université, est la cible depuis ce week-end d'une vive polémique sur les réseaux sociaux. En cause : l'intervention sur M6 de Maryam Pougetoux, présidente de l'antenne de l'Unef à Paris IV, la tête voilée.
Le cofondateur du Printemps républicain à l'origine de la polémique. Samedi, alors que la jeune femme défendait dans le 19/45 l'opposition à la réforme, l'universitaire Laurent Bouvet, cofondateur du Printemps républicain, mouvement controversé défendant une vision stricte de la laïcité, ironise alors sur Facebook, capture d'écran à l'appui : "A l'Unef, la convergence des luttes est bien entamée".
Proche du Printemps républicain et défendant la même vision de la laïcité, la polémiste et ancienne élue PS en Île-de-France Céline Pina relaye la même capture d'écran sur Facebook et va plus loin en liant le port du voile de la leader syndicale à un éventuel entrisme des Frères musulmans dans les universités. "Si vous lisez ceux qui ont travaillé sur les Frères musulmans, vous verrez que leur premier objectif est la jeunesse et que le pouvoir au sein des universités les intéresse car ce sont souvent des ventres mous où la lâcheté de la gouvernance est vue comme de la coolitude", écrit-elle.
Dans les commentaires sous la publication de Céline Pina, le socialiste Julien Dray, ancien cadre du mouvement étudiant, estime lui que "la direction du syndicat qui accepte cette jeune dame comme dirigeante souille tous nos combats menés dans les universités".
L'Unef dénonce "le déferlement de haine". Face à ces réactions et après l'avalanche de commentaires injurieux sur les réseaux sociaux qui a suivi, l'Unef a publié dimanche un communiqué de soutien à Maryam Pougetoux. Dénonçant le "déferlement de haine raciste, sexiste, et islamophobe dont Maryam est victime", la direction du syndicat s'en prend à Laurent Bouvet. "Derrière son supposé débat sur une université excluante, se cache une islamophobie décomplexée", écrit l'Unef.
CP de UNEF Sorbonne Université:#SoutienAMaryam, la présidente de @unefparis4, victime d’un harcèlement sur les réseaux sociaux.
— UNEF (@UNEF) 13 mai 2018
Nous condamnons fermement le déferlement de haine raciste, sexiste et islamophobe dont Maryam est victime.
L'@UNEF soutient Maryam contre ces attaques! pic.twitter.com/RMuzoZdX9C
Le syndicat étudiant rappelle également qu'il "défend des principes de laïcité et de féminisme, et c'est au nom de ceux-ci que nous défendons le droit des étudiantes de faire leurs propres choix, dont porter le voile au sein du service public de l'enseignement supérieur". "Si Maryam se fait attaquer, c'est parce qu'elle est une femme musulmane portant le voile, mais également étudiante avec des responsabilités syndicales", ajoute l'Unef.