Maëlys : les multiples incohérences de la version du suspect

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Près de trois semaines après la disparition de la fillette, l'homme mis en examen nie toujours toute implication dans son enlèvement, alors qu'un faisceau d'indices renforce les soupçons des enquêteurs.

 

Sa défense ne convainc pas. Près de trois semaines après la disparition de Maëlys, le principal suspect de son enlèvement, un ex-militaire de 34 ans, continue de fournir aux enquêteurs des réponses peu crédibles face au faisceau d'indices qui s'accumulent contre lui. "Pas spécialement concerné" par les premières recherches quand l'absence de la fillette a été constatée lors d'un mariage à Pont-de-Beauvoisin, en Isère, l'homme avait pourtant discuté avec elle plusieurs minutes au cours de la soirée, selon l'avocat des parents. Après avoir sondé une vingtaine de plans d'eau de la région en vain, les gendarmes espèrent désormais que l'homme leur dise où poursuivre leurs recherches pour retrouver Maëlys. Celui-ci nie farouchement avoir été "acteur ou complice" de sa disparition, muré dans une version des faits parfois incohérente.

  • Une trace ADN étrangement située  

Placé en garde à vue parce qu'il s'était absenté pendant la fête, l'ancien militaire a d'abord été relâché, puis confondu par une trace ADN de l'enfant, retrouvée dans sa voiture. Pour expliquer cet élément matériel, "il a déclaré que la fillette était entrée dans le véhicule avec un petit garçon, sur la banquette arrière, pour voir si son chien (celui du suspect, ndlr) était dans le coffre", a expliqué son avocat, Me Bernard Méraud. Le suspect affirme que Maëlys est montée dans sa voiture par le siège passager. Une version incompatible avec les premières constatations des enquêteurs : la trace a été retrouvée sur un bouton du tableau de bord, côté conducteur, selon le Dauphiné Libéré.

Cette trace pourrait par ailleurs avoir été la seule épargnée par l'opération de nettoyage minutieuse à laquelle s'est livré l'homme dès le lendemain du mariage. Pendant une heure et demi, les caméras de surveillance d'une station de lavage l'ont filmé en train de briquer sa voiture de fond en comble, rapporte BFMTV, jeudi. Explication fournie par le principal intéressé : le véhicule devait être vendu, à un acheteur que les gendarmes ont en effet pu identifier.

  • Un petit garçon introuvable

Sa version des faits est également mise à mal par les recoupements des enquêteurs, qui n'ont jamais pu identifier le "petit garçon" que le suspect aurait fait monter dans sa voiture avec Maëlys. L'épisode n'avait été évoqué spontanément par aucun enfant dans les jours qui ont suivi la disparition de la fillette. Tous ont ensuite été interrogés à nouveau, sans qu'aucun ne se reconnaisse dans ce récit. "Le suspect a donc fait monter Maëlys seule dans sa voiture. Mais elle n'en est probablement jamais ressortie sur le parking de la salle des fêtes du mariage où était garée l'Audi", a ainsi affirmé une source proche du dossier au Dauphiné Libéré.

  • Un short introuvable et des griffures suspectes

Les gendarmes s'interrogent en outre sur l'aller-retour d'une heure effectué par le suspect dans la nuit du mariage, jusqu'au domicile de ses parents où il vit, pour changer un short taché de vin rouge qu'il aurait ensuite jeté à la poubelle. Lors d'une perquisition dans cette maison de Domessin, en Savoie, les enquêteurs n'ont pas retrouvé le vêtement. Ils ont cependant effectué des prélèvements, dont les résultats n'ont pas encore été révélés.

D'autres zones d'ombre viennent fragiliser sa position. Comme des griffures sur un bras et un genou, survenues en taillant des framboisiers quelques jours avant le mariage, alors qu'il n'aurait pas l'habitude de jardiner, selon sa mère. Elles ne peuvent avoir été "causées par un ongle", soutient son avocat. "J'ai un bout de jardin. Bon, ben des fois, on se prend une petite branche dans les pieds", a justifié le suspect lui-même, interrogé par l'émission Sept à Huit avant sa mise en examen.

  • Deux lignes téléphoniques, dont une précipitamment résiliée

Lors de sa première garde à vue, l'homme a enfin omis de préciser aux gendarmes qu'il avait deux lignes téléphoniques : une personnelle et une autre, selon ses dires, dédiée à son activité d'éducateur canin. Le premier téléphone était éteint pendant une partie de la soirée, le soir du mariage. Mais, selon le Dauphiné Libéré, le signal du second, allumé, a été repéré par différentes bornes satellites du secteur, prouvant des déplacements à des horaires où l'ancien militaire a pourtant affirmé ne pas s'être absenté. Interrogé sur cette énième contradiction, l'homme a reconnu avoir pris la route pour, dit-il, aller chercher des stupéfiants.