La démolition de deux immeubles du centre de Marseille frappés d'un arrêté de péril a débuté mardi matin, trois mois après le drame de la rue d'Aubagne où ont péri 8 personnes le 5 novembre.
Déconstruits "à la main". Les deux immeubles, aux numéros 41 et 43 de la rue de La Palud, à 200 m de la rue d'Aubagne, vont être déconstruits "prudemment, à la main, ce qui va prendre plusieurs semaines", a expliqué sur place Julien Ruas, adjoint au maire de Marseille à la prévention et la gestion des risques. Mardi matin, les ouvriers commençaient à enlever les tuiles du toit des immeubles de trois et quatre étages.
Les immeubles voisins évacués par sécurité. Un seul des immeubles était encore occupé récemment par deux familles, l'autre avait été évacué en 2012. Depuis une dizaine de jours, les habitants des immeubles du numéro 39 au numéro 47 de la rue - une trentaine de familles selon la mairie - ont été évacués en prévention de l'opération de démolition. Selon Julien Ruas, les numéros 41 et 43 "ne peuvent plus tenir droit et sont donc un danger à la fois pour les occupants et pour la population mais aussi pour les immeubles d'à côté".
Menace d'effondrement. Dans un arrêté de péril grave et imminent pris le 24 janvier, des experts s'alarmaient de murs bombés et déformés, de contre-cloisons qui explosent et de fissures à tous les étages. Selon eux, l'un des bâtiment menace de s'effondrer et d'entraîner l'autre dans sa chute. La démolition de ces immeubles du 18ème siècle était la seule solution, car la mise en place d'un étaiement supplémentaire aurait "mis en danger ceux qui réaliseraient ces travaux", a assuré Julien Ruas.
Des façades classées. Une décision contestée par l'association Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France, qui rappelle que les façades de ces immeubles sont classées comme "à conserver" dans le Site patrimonial remarquable de Marseille. Une action en référé a été intentée en justice, mais l'audience se tiendra seulement le 21 février, a indiqué l'avocat de l'association Me Eric Méry.
Des arrêtés de péril pour 230 immeubles du centre. Depuis le drame de la rue d'Aubagne, les arrêtés de péril se sont multipliés dans la cité phocéenne, et ont touché 230 immeubles du centre-ville. Plus de 2.000 personnes vivant dans ces bâtiments ont été évacuées. Mardi, selon la mairie, 1.300 sont encore hébergés à l'hôtel tandis que 700 ont pu retourner chez elles ou ont trouvé un nouveau logement. Julien Ruas a indiqué que "dans 50% des immeubles concernés par un arrêté de péril, les travaux ont été faits ou sont en cours de réalisation".