Depuis le monastère de Shéchèn au Népal, où il vit la majeure partie de l'année, Matthieu Ricard se tient éloigné des turpitudes françaises. Mais lorsqu'il revient au pays pour assurer la promotion de l'un de ses ouvrages, comme c'est le cas aujourd'hui, le moine bouddhiste reprend la mesure de la grogne. Au micro de Nikos Aliagas sur Europe 1, mercredi matin, il tâche d'analyser la situation avec philosophie.
Se rendre compte de sa chance. "On voit bien qu'il y a un phénomène d'injustice sociale, que des gens sont négligés. Et en même temps, on est aussi émerveillés. Quand je vois que ma mère qui a 86 ans est soignée gratuitement pendant une semaine grâce à une petite carte verte… Si vous allez en Inde ou au Népal et que vous n'avez pas d'argent à déposer avant de rentrer à l'hôpital, vous mourrez à la porte. L'État-providence, c'est quand même une merveille", soutient-il.
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"Des gens qui fulminent du matin au soir". "Si vous êtes constamment sous l'emprise de la haine, de la colère, de l'avidité, de l'obsession et de la jalousie, vos paroles et vos actions vont être davantage destructrices que constructives. Vous allez davantage vers la confrontation que vers la coopération et la solidarité. Votre état intérieur n'est pas seulement confiné à votre monde intérieur, mais va se traduire à chaque instant par la manière dont vous vous reliez aux autres", assure Matthieu Ricard. Et de poursuivre : "Quelles que soient les circonstances extérieures, notre état intérieur va changer considérablement les choses. Il y a des gens qui fulminent du matin au soir contre le monde extérieur, d'autres qui gardent une certaine joie de vivre, qui manifestent des actes de bienveillance. La solidarité, l'entraide, ça existe, même dans les moments difficiles."
Si les paroles de Matthieu Ricard éveillent chez certains une volonté d'amorcer un changement, mais qu'ils craignent de ne pas y parvenir, le moine bouddhiste tient à les rassurer : "Il est toujours temps de changer, chaque jour est un point de départ. Comme disait mon ami Yann Arthus-Bertrand : 'il est trop tard pour être pessimiste'."