Mayotte : dix jours après le cyclone, journée de «deuil national» en France
La France observe ce lundi un deuil national fixé par le président Emmanuel Macron en solidarité avec Mayotte, frappé il y a dix jours par le cyclone Chido qui a dévasté l'archipel et causé le décès d'au moins 35 personnes dans ce département ultra-marin.
Pour cette journée de "deuil national", le chef de l'État, qui s'est rendu la semaine dernière sur ce territoire français de l'océan Indien, a annoncé que les drapeaux seraient en berne et qu'une minute de silence serait observée à la mi-journée, notamment dans les services publics. Il a également appelé les Français, partout sur le territoire, à l'observer.
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"C'est quand même mal venu de faire ça à ce moment précis"
Cette minute de silence était synchronisée avec celle respectée en métropole en hommage aux victimes du cyclone. Sur cette place, dans le centre de Mamoudzou, le préfet a, lui aussi, salué la mémoire des 35 victimes et celle d'un gendarme, qui a trouvé la mort la semaine dernière. Une cérémonie et une journée saluées par plusieurs habitants pour qui il est important de rendre hommage aux victimes.
Mais d'autres Mahorais trouvent que cette journée est en décalage avec leur réalité quotidienne difficile : "Je suis un peu mitigé", confie Yassine, "parce que ça a son importance, pour le côté symbolique. Mais je pense que le manque de moyens criants auxquels on fait face est en décalage avec ce type de cérémonie, c'est quand même mal venu de faire ça à ce moment précis".
Des sinistrés qui attendent toujours les aides promises, rien n'est encore arrivé dans le village de Nosra : "C'est de l'hypocrisie, parce que, en vrai, il y a beaucoup à faire. Ça fait plus d'une semaine qu'on n'a pas d'eau. On est conscient qu'il y a eu beaucoup de morts et tout ça. C'est dommage, mais on ne va pas attendre que nous, on meurt de soif pour nous donner de l'eau ou pour faire une minute de silence pour nous après".
La promesse du gouvernement de rétablir l'eau partout à Mayotte semble encore loin d'être tenue.
Des secours à pied d'œuvre
Le cyclone le plus dévastateur qu'ait connu Mayotte depuis 90 ans, a détruit le 14 décembre la totalité de l'habitat précaire et causé des dommages colossaux dans le département le plus pauvre de France, où les secours sont depuis à pied d'œuvre pour rétablir les services essentiels comme l'eau, l'électricité et les réseaux de communications.
Le bilan provisoire de la catastrophe naturelle, facilitée par le réchauffement climatique, s'élève à 35 morts et environ 2.500 blessés, mais les autorités, qui craignent un nombre de victimes plus élevé, ont diligenté une mission de recherche.
Couvre-feu toujours en vigueur
Au Mozambique, le cyclone a provoqué la mort d'au moins 94 personnes, selon les autorités locales. Au Malawi, il a tué 13 personnes.
À Mayotte, où un couvre-feu nocturne reste en vigueur, Emmanuel Macron a également promis une loi spéciale pour "rebâtir Mayotte" et "mettre fin" aux bidonvilles, ce qui pourrait prendre deux ans selon le nouveau Premier ministre François Bayrou.