Malgré l'annonce d'une révision constitutionnelle pour supprimer le droit du sol sur l'île de l'océan Indien, confronté à une grave crise migratoire, Gérald Darmanin n'a pas réussi à calmer la grogne à Mayotte. Les blocages et les barrages routiers mis en place par des "collectifs citoyens" depuis trois semaines contre l'insécurité et l'immigration incontrôlée se poursuivent. Et pour le moment, il est hors de question de les lever sans garanties écrites.
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"On est complètement démunis"
Ce dimanche 11 février, des passagers qui avaient atterri sur l'île Petite-Terre sont restés bloqués des heures. La barge n'a pu accoster qu'à la nuit tombée devant des centaines de voyageurs, valise à la main. Dans un premier temps, les barragistes avaient priorisé le passage des femmes et du personnel soignant. Désormais, plus personne ne passe. Farida, présente à l'entrée du barrage de Mamoudzou, est intransigeante, elle a même déposé des clous sur la route. "Nous ne sommes pas là pour vous ouvrir les barrages et les fermer", déclare-t-elle à une ambulancière qui souhaite passer le barrage. "Désolé madame, vous pouvez faire demi-tour. Vous devez laisser votre bus là-bas et les agents qui sont à l'intérieur doivent descendre et marcher à pied", ajoute-t-elle.
Les soignants sont obligés de quitter les navettes mises à disposition par l'hôpital, alors que l'établissement se trouve à plusieurs kilomètres. Julie, infirmière, doit donc continuer le trajet à pied. "On va arriver en retard et je pense que je ne pourrais pas rentrer chez moi parce que je suis de garde demain. Nous allons devoir dormir à l'hôpital. Ils bloquent les patients et le personnel. Donc, on galère pour soigner les gens. Franchement, ce n'est pas une vie", rapporte l'infirmière au micro d'Europe 1. Les soignants attendent la journée de mercredi avec impatience puisque les barrages devraient être levés à ce moment-là.