Une avocate de victimes des attentats du 13-Novembre a écrit lundi au préfet de police de Paris pour lui demander l'interdiction des concerts du rappeur Médine au Bataclan en octobre, arguant d'un "risque de troubles à l'ordre public" et d'"atteinte à la mémoire des victimes".
La venue du rappeur dans la salle où 90 personnes ont perdu la vie après l'attaque du 13 novembre 2015 suscite depuis dimanche une controverse : plusieurs personnalités de droite et d'extrême droite comme Laurent Wauquiez ou Marine Le Pen ont protesté contre les concerts prévus les 19 et 20 octobre, reprochant à Médine certaines chansons comme Don't Laïk, sorti en 2015, ou Jihad, son album de 2005.
L'avocat dénonce le "caractère délibérément provocateur" des concerts. Dans un courrier adressé au préfet de police, Me Samia Maktouf, qui défend une vingtaine de victimes, réclame "l'interdiction des concerts de Médine pour risque de trouble à l'ordre public, ainsi que pour atteinte à la mémoire des victimes, au respect dû aux survivants, et aux droits des familles des défunts". Le document dénonce le "caractère délibérément provocateur" des concerts, "au vu du discours tenu par Médine dans ses chansons et, plus encore, de l'endroit où ces concerts doivent avoir lieu". "S'il appartient à la direction du Bataclan de choisir les spectacles qui seront admis dans la salle", l'avocate dit "craindre" qu'un artiste tenant des propos et des positions "par trop proches de celles que mettaient en avant les auteurs de l'attentat du Bataclan le 13 novembre 2015, ne soit en lui-même générateur de troubles à l'ordre public".
La pochette d'un album de 2005 exhumée. Le courrier évoque des "propos appelant explicitement à la haine, voire au meurtre" et la pochette de l'album Jihad, où le J du mot Jihad avait été remplacé par un cimeterre, "créant la confusion entre l'effort religieux sur soi-même évoqué par le rappeur et les décapitations commises et diffusées en vidéo sur les réseaux sociaux" par l'EI. Me Maktouf dit redouter des "affrontements violents" entre "sympathisants du chanteur" et "opposants à la tenue de ces concerts".
Life for Paris refuse l'instrumentalisation politique. Life for Paris, l'association de victimes des attentats du 13 novembre 2015, a pour sa part jugé lundi que le Bataclan était "complètement libre de sa programmation", se refusant d'instrumentaliser "la mémoire des victimes des attentats à des fins politiciennes, comme c'est le cas dans cette affaire".