Elle devrait passer vingt ans dans les prisons irakiennes. Dimanche, la Française Mélina Boughedir a échappé à la peine de mort, mais pas à une condamnation lourde pour son appartenance à Daech, au terme d'un bref procès à Bagdad. Ses avocats affirment qu'elle n'a pas participé aux activités de l'État islamique, mais ses déclarations et son attitude n'en font pas vraiment une repentie.
Son mari : simple cuisinier ou tireur d'élite ? Ce sont surtout ses silences qui ont pesés lourd dans sa condamnation. Comme toutes les djihadistes françaises arrêtées en Irak ou en Syrie, Mélina Boughedir se présente comme une oie blanche, parfaitement innocente, qui aurait été dupée par son mari, Maximilien Thibault. Or, durant toute l'enquête, elle n'a eu de cesse de le protéger en le décrivant comme un simple cuisinier qui n'aurait jamais combattu. Mais de leur côté, les services spécialisés français et irakiens ont l'absolue certitude que Maximilien Thibault, condamné à trois ans de prison en France pour sa participation à une filière de recrutement djihadiste, était tireur d'élite dans une des unités de l'EI pendant la bataille de Mossoul.
Des données effacées. Lors de son arrestation, dans la ville irakienne en ruines, Mélina Boughedir a été trouvée en possession du téléphone portable de son époux, avec en mémoire des coordonnées GPS actualisées des positions de combat de l'armée irakienne. Il y avait également sur la carte mémoire des photos de djihadistes, qu'elle a refusé d'identifier au cours de ses interrogatoires. Elle avait aussi pris le temps d'effacer l'ensemble des données exploitables de son propre téléphone. Pas vraiment l'attitude d'une repentie.
Membre de la police des mœurs de Daech ? Les enquêteurs irakiens suspectent fortement Mélina Boughédir d'avoir été membre des brigades féminines de la Hisba, une police des mœurs dont le rôle était d'emprisonner les femmes accusées de ne pas respecter les strictes règles vestimentaires imposées par Daech.