Selon un rapport de Dell et de "l'Institut pour le Futur", publié en 2017, 85% des métiers qui seront exercés en 2030 n'existent pas encore. La conséquence, notamment, du développement du numérique, de l'intelligence artificielle et de la robotisation. Mais les jeunes Français sont-ils suffisamment formés pour faire face aux changements à venir ? À l'occasion d'une édition spéciale présentée par Matthieu Belliard en direct de Station F, le plus grand campus de start-ups au monde, Europe 1 a posé la question à plusieurs spécialistes.
"L'Éducation nationale a pris beaucoup de retard"
"L'Éducation nationale a pris beaucoup de retard", constate d'emblée Etienne Gless, journaliste à L'Étudiant. Preuve en est la décision du ministre Jean-Michel Blanquer, annoncée en janvier dernier, de créer le Capes d’informatique en 2020… Soit cinquante ans après l'introduction de l'informatique dans l'enseignement secondaire, avec l'expérience dite des 58 lycées. "Ce retard, on est capable de le rattraper très vite", nuance toutefois le journaliste dans un sursaut d'optimisme.
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"À la rentrée 2019, tous les élèves de Seconde vont suivre un enseignement obligatoire en sciences numériques et technologie. Tout le monde sera sensibilisé", note-t-il à ce propos.
"Il faut que les entreprises et l'Éducation s'allient pour résoudre le problème"
Mais l'Éducation nationale n'est pas la seule à pouvoir agir. "La problématique du changement de la demande de compétences est tellement complexe qu'il faut que les entreprises et l'Éducation s'allient pour résoudre le problème", plaide ainsi Eric Hazan, directeur du digital au cabinet de conseil McKinsey.
Plusieurs sociétés du secteur se lancent déjà dans des projets communs, à l'image de PiTech, une initiative d'abord portée par IBM, qui encadre et accompagne des élèves de lycées professionnels et de BTS afin d'augmenter leurs compétences technologiques et les amener vers l'emploi.
"Globalement, on oriente assez peu vers les métiers"
"L'initiative doit peut-être venir du privé", abonde le journaliste Etienne Gless. "En France, il faut cinq à dix ans pour labelliser un diplôme, mettre en place la maquette pédagogique… Vous sortez et vos compétences sont parfois obsolètes", plaide-t-il sur Europe 1, blâmant la "religion du diplôme" à l'œuvre dans notre pays. "Globalement, on oriente assez peu vers les métiers", regrette-t-il.
La réforme de l'école prévoit notamment, dès la rentrée prochaine, 54 heures d'éducation à l'orientation, de la Seconde à la Terminale. Et pas seulement du numérique.