Le parquet de Paris a demandé mercredi à la juge chargée de l'enquête sur le meurtre de Sarah Halimi, une jeune femme juive défenestrée en avril à Paris, que le caractère antisémite soit retenu dans cette affaire qui a provoqué une vive émotion.
Une "bouffée délirante" compatible avec l'antisémitisme. Le parquet a fait cette demande au vu de "l'expertise psychiatrique" rendue début septembre et "des premiers éléments de la commission rogatoire remis par les enquêteurs", a-t-il précisé. Selon cette expertise, le trouble dont souffrait le meurtrier Kobili Traoré, pris d'une "bouffée délirante aiguë" après une forte consommation de cannabis, n'était "pas incompatible avec une dimension antisémite".
"Une satisfaction" pour la communauté juive. "C'est une satisfaction pour la communauté juive et pour la famille de Sarah Halimi, qui va pouvoir commencer à faire son deuil parce qu'elle est reconnue dans ce drame", a commenté auprès le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Francis Kalifat, réagissant à l'annonce du parquet de Paris. "C'est une nouvelle importante qui vient de tomber en cette veille du Nouvel an juif", qui commence mercredi soir, a ajouté le responsable de l'instance de représentation politique du judaïsme français.
Dans la nuit du 3 au 4 avril, Kobili Traoré, 27 ans, s'était introduit dans l'appartement de sa voisine, Lucie Attal, aussi appelée Sarah Halimi. Aux cris d'"Allah Akbar", entrecoupés d'insultes et de versets du Coran, ce jeune musulman l'avait rouée de coups sur le balcon, avant de la défenestrer. "J'ai tué le sheitan" (le démon, en arabe), avait-il hurlé. Le meurtre de cette ancienne directrice de crèche confessionnelle, juive orthodoxe âgée de 65 ans, a suscité une très vive émotion, notamment dans la communauté juive.