Le Défenseur des droits Jacques Toubon s'inquiète d'"atteintes aux droits fondamentaux" des migrants à Calais "d'une exceptionnelle et inédite gravité", dénonçant "des conditions de vie inhumaines" et la "sorte de traque" qui les vise.
"Un déni d'existence". Après un déplacement de ses services lundi à Calais, Jacques Toubon "exhorte les pouvoirs publics à ne pas s'obstiner dans ce qui s'apparente à un déni d'existence des exilés". Il demande notamment "l'autorisation des distributions de repas, la mise à l'abri des mineurs", ainsi que "la mise en place d'un lieu" où ils puissent se reposer, selon le compte-rendu de la visite. Le Défenseur des droits avait envoyé sur place des agents qui se sont entretenus avec de nombreux exilés et les associations.
"Entraves répétées". Depuis plusieurs semaines, les associations dénoncent des "entraves répétées" et un durcissement des forces de l'ordre à l'égard des migrants revenus dans la région de Calais malgré le démantèlement de la "Jungle" en octobre. Soulignant que "la volonté de ne plus voir de migrants à Calais conduit à ce que plus aucun abri ne soit toléré", le Défenseur note qu'"entre 500 et 600" migrants, dont des mineurs, "dorment à même le sol", et se disent "traqués jour et nuit dans plusieurs sous-bois de la ville".
Une seule distribution de repas. "Ils sont visiblement dans un état d'épuisement physique et mental", ajoute-t-il. Pour les repas, le compte-rendu souligne qu'"une seule distribution associative est tolérée le soir", ce qui "ne permet pas de nourrir tous ceux qui le souhaiteraient". "Les autres sont empêchés par les forces de l'ordre, au motif de 'consignes préfectorales', quel que soit le public concerné (familles, jeunes enfants)", ajoute le texte.
"Viol et exploitation sexuelle" possibles. Jacques Toubon déplore par ailleurs l'"impact particulier sur les femmes et les enfants". Les femmes, dit-il, "ne bénéficient plus d'aucune structure dédiée" depuis le démantèlement du bidonville et sont "susceptibles de faire l'objet de viol et d'exploitation sexuelle". Les associations sont "entravées et menacées", lorsqu'elles "tentent de mettre en oeuvre des dispositifs qui devraient l'être par les pouvoirs publics (douches, distribution de repas et d'eau), ajoute le Défenseur. Il déplore "qu'il ne soit plus possible de déposer une demande d'asile dans la ville".
Jusqu'à entre 7.000 et 10.000 personnes, selon les estimations, ont habité pendant plusieurs mois dans ce vaste bidonville aux conditions sanitaires déplorables, dans l'espoir de passer en Angleterre considéré comme un eldorado.