L'objectif de la mobilisation, qui débute dès dimanche avant de nombreuses actions prévues lundi, n'est pas de "bloquer" ou "d'ennuyer" les Français, mais "de leur faire passer le message que la situation que vit l'agriculture aujourd'hui est une situation d'urgence, dramatique dans certains endroits", a souligné le président du premier syndicat agricole sur BFMTV.
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La violence, ça "n'est pas notre mode d'action"
Moins d'un an après une vague de colère dans les campagnes, qui avait abouti en janvier 2024 à des blocages de sections d'autoroutes dans le pays, le Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et son allié Jeunes agriculteurs (JA) ont choisi de relancer le mouvement. 82 actions ont été recensées à travers la France jusqu'à mardi, selon Arnaud Rousseau, notamment devant les préfectures ou sur les giratoires baptisés "rond-points de l'Europe". "Si d'autres ont d'autres modes d'action, et veulent utiliser la violence ou, comme je l'ai entendu, veulent (...) affamer Toulouse, ça n'est pas notre mode d'action", a souligné Arnaud Rousseau, en référence à des propos de la Coordination rurale.
Les agriculteurs dénoncent toujours un excès de bureaucratie et la faiblesse des revenus, mais sont en plus excédés par les mauvaises récoltes, les pertes liées à des maladies animales émergentes et la perspective d'une signature de l'accord de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay). Le mouvement devrait continuer, avec des manifestations perlées, sur d'autres thèmes (contre "les contraintes", pour de meilleurs prix de vente) et sur d'autres lieux symboliques (administrations, supermarchés) jusqu'à mi-décembre. "Je n'ai pas envie de prendre en otage la période de Noël qui est une période de consommation de nos produits", avait précisé mercredi Arnaud Rousseau auprès de l'AFP, ajoutant que la mobilisation pourrait reprendre "en janvier" s'ils n'obtenaient pas satisfaction.
En cas de "blocage durable", "tolérance zéro"
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a prévenu ce dimanche les agriculteurs qu'il y aurait une "tolérance zéro" en cas de "blocage durable" des routes, avant le nouveau cycle de mobilisation. Cette semaine, il recevait des responsables syndicaux agricoles pour "avoir un dialogue et pour leur dire aussi les limites", a-t-il déclaré sur le plateau du Grand jury RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat. Si le droit de manifester est garanti par la Constitution, le ministre a évoqué "trois limites : pas d'atteintes aux biens, pas d'atteintes aux personnes, et pas d'enkystement, pas de blocage durable parce que sinon ce sera tolérance zéro", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il n'hésitera pas "à mobiliser" les forces de l'ordre pour rétablir la circulation.
A une question de journaliste qui lui demandait s'il serait "plus ferme" que son prédécesseur ne l'avait été un an plus tôt, quand il avait été "toléré" que des agriculteurs déposent du lisier devant les préfectures ou les aspergent de fumier, Bruno Retailleau a répondu : "Je n'ai pas parlé de fumier, je n'ai pas parlé d'action symbolique dès lors qu'il n'y a pas de dégradation de bien, d'atteinte à la personne ou de blocage, évidemment". Il dit avoir engagé le "dialogue" avec les organisations syndicales, "justement pour pouvoir éviter les dérapages".
Le ministre a par ailleurs distingué la mobilisation des agriculteurs de celle annoncée par les cheminots pour la fin de l'année. "Les cheminots, une partie - pas tous -, prennent régulièrement en otage les Français qui travaillent", a-t-il affirmé. "Entre des agriculteurs qui n'arrivent plus à vivre du fruit de leur travail et des syndicats de cheminots qui veulent prendre en otage les Français, il y a deux poids deux mesures", a-t-il poursuivi.