L'ex-maire de Nice Christian Estrosi (LR) a attaqué en diffamation un livre-enquête d'un journaliste de RFI sur les jeunes Français partis rejoindre des groupes djihadistes en Syrie dont un témoignage le met en cause, a indiqué mercredi l'avocat de l'élu. La plainte vise le journaliste et grand reporter de Radio France Internationale (RFI), David Thomson, et son éditeur, Le Seuil, qui a publié son ouvrage intitulé Les revenants en décembre.
Estrosi mis en cause. Dans ce livre, David Thomson rappelle que Nice a été un important vivier de djihadistes français et donne la parole à un jeune Niçois rentré de Syrie qui reproche à Christian Estrosi de n'avoir rien fait pour neutraliser le travail de propagande du recruteur niçois Omar Omsen, de son vrai nom Omar Diaby. Ancien délinquant franco-sénégalais devenu prêcheur notamment via Internet, le recuteur travaillait en 2012 dans un snack hallal à Nice avant de rejoindre la Syrie en 2013 où il a pris la tête d'une brigade djihadiste composée de jeunes Français, pour la plupart originaires comme lui de la région de Nice.
"J'en veux au maire". "Pourquoi avoir attendu notre départ, avoir attendu le départ de tous ces Niçois et de tous ces Français pour enquêter, alors que Omar Diaby était bien connu ? Quand je suis parti, ça devait être la sixième ou la septième saison de ses vidéos, ça faisait des années qu'il était dessus, pas juste quelques mois, donc ils savaient les intentions d'Omar Diaby", accuse le jeune homme dans l'un des passages incriminés par la plainte et transmis à l'AFP par l'avocat de Chirstian Estrosi, Me Adrien Verrier. "J'en veux au maire de Nice parce qu'il était au courant de tout ça, il a laissé faire", ajoute ce jeune qui témoigne sous le pseudonyme de "Quentin" dans cet extrait.
Le journaliste se défend. David Thomson s'est dit "très étonné" par la plainte de Christian Estrosi. "Le livre été très bien reçu dans la classe politique quelle que soit la couleur politique. C'est un travail de terrain, sur plusieurs années, un travail d'alerte, dépolitisé, pas un travail d'opinion donc je suis très serein", s'est-il défendu. "Je comprends que les faits n'arrangent pas Christian Estrosi car ils font de Nice un cas d'école de la radicalisation française. Mais je suis là pour mettre des faits à la connaissance du public", a-t-il ajouté.