"C’est une bonne nouvelle. Aujourd'hui, je vais avoir un hébergement. Personne n'aime dormir dans la rue". Mohamed Sellah, Érythréen de 25 ans, est presque soulagé. Mercredi matin, avec plus de 200 autres migrants, essentiellement Érythréens et Soudanais, il a été prié de quitter le campement de fortune qu’il occupait rue Pajol dans le nord de Paris. Il y a trois semaines, une opération similaire avait eu lieu au même endroit.
"Nous pensons que votre dignité fait que vous ne devriez pas dormir ici". Vers 07H30, des représentants des services sociaux de la Ville de Paris, de l'Ofpra, de France Terre d'asile ou encore d'Emmaüs ont réveillé les occupants du campement, dont une cinquantaine dormant dehors sur des matelas en mousse. "Je veux m'excuser de vous réveiller si tôt, nous sommes aujourd'hui ici avec la mairie de Paris et des associations qui vous aident car nous pensons que votre dignité fait que vous ne devriez pas dormir ici", leur a expliqué le directeur général de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), Pascal Brice, dont les propos étaient traduits en arabe et anglais.
Neuf morts depuis début juin aux environs du site d'Eurotunnel. "Nous savons que vous avez enduré des moments très difficiles avant d'arriver ici", a-t-il ajouté, déclenchant les applaudissements d'une partie des migrants. Beaucoup, arrivés par bateau en Italie depuis la Libye, souhaitent rejoindre le Royaume-Uni, et Paris n'est qu'une étape vers la région de Calais, où plus de 3.000 migrants, essentiellement Érythréens, Éthiopiens, Soudanais et Afghans, vivent dans des bidonvilles. Et prennent énormément de risques. Neuf d'entre eux sont décédés depuis début juin aux environs du site d'Eurotunnel, le dernier dans la nuit de mardi à mercredi.
Des solutions d'hébergement sont garanties pour "un mois minimum". À la Halle Pajol, les équipes ont proposé aux migrants d'intégrer l'un des dix centres d'hébergement ad hoc en région parisienne. Les solutions d'hébergement sont garanties pour "un mois minimum", le temps que les migrants décident de déposer ou non une demande d'asile en France, selon lui. "Cette opération avait pour vocation de proposer un hébergement digne des migrants et de permettre une réappropriation de l'espace public par les commerçants et riverains", ont expliqué dans un communiqué commun le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et la maire de Paris Anne Hidalgo. Ils "réaffirment leur objectif de résorption précoce et prévention de l'installation de campements à Paris" de migrants, "pour lesquels la rue ne saurait être un refuge".