Panne d'électricité en Espagne et au Portugal : une telle coupure est-elle envisageable en France ?

L'Espagne, le Portugal et une partie du Pays basque français ont été touchés par une méga-panne électrique lundi. Si la situation a rapidement été rétablie dans le sud-ouest de la France, la péninsule ibérique a, elle, été mise à l'arrêt plus longtemps. Un tel scénario pourrait-il se produire partout dans l'Hexagone ?
L'Espagne et le Portugal se remettent tout doucement de la méga-panne électrique survenue lundi. La péninsule ibérique, ainsi que le Pays basque français brièvement, ont été mis à l'arrêt pour une raison encore inconnue. Ce mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête sur un éventuel sabotage informatique, alors que l'origine de la panne pourrait provenir de l'Espagne. Peut-on redouter un tel scénario en France ?
Des "barrières de défense" utilisables
Cela est en tout cas déjà arrivé dans l'Hexagone, en 1978 et en 1987. Pour éviter que la métropole ne soit de nouveau plongée dans le noir, RTE, gestionnaire du réseau électrique, met en place "des protocoles pour faire face" à ce genre de situations.
"Plusieurs 'barrières de défense' manuelles et automatiques existent et sont mises en œuvre pour traiter l’ensemble des situations possibles : de la limitation de la propagation d’un incident, jusqu’à la réalimentation de la consommation en cas de black-out", écrit le gestionnaire de réseau sur son site Internet. En cas de panne détectée sur le réseau, "la zone impactée est isolée" pour éviter "une généralisation", indique RTE.
Et si la généralisation de la panne ne peut être évitée, "la France a des procédures pour redémarrer un système électrique et permettre la réalimentation progressive des consommateurs en électricité par zones successives, notamment depuis des barrages hydrauliques", poursuit le gestionnaire du réseau, soulignant que ce mode opératoire est appliqué par l'Espagne et le Portugal.
La solution du délestage
Il existe également la solution du délestage, évoquée lors de la crise énergétique fin 2022. Il s'agit de couper volontairement le courant, à un endroit précis et de façon temporaire, pour soulager le réseau électrique en cas de trop fortes tensions.
De telles coupures sont envisagées pour continuer d'alimenter des infrastructures dites sensibles ou vitales, comme les hôpitaux, les sites de défense nationale, de sécurité, ou les industries à risques. En France, 250 opérateurs d'importance vitale (OIV), tenus secrets, doivent pouvoir faire face à ce genre de situation grâce à des dispositions préalables.
Un mix énergétique bienvenu
Une situation de black-out est donc anticipée par les autorités compétentes. Mais le risque qu'un tel phénomène se produise est-il important ? Le ministre de l'Industrie, Marc Ferracci, s'est montré rassurant sur RTL ce mardi matin, estimant que "non", une panne électrique d'envergure ne pourrait arriver en France.
En plus des protocoles prévus, le système électrique français dispose d'une "pilotabilité", pointe le ministre, c'est-à-dire une capacité à produire davantage "à des moments où la consommation (d'électricité) est plus forte". Cela est permis par le mix énergétique adopté en France, composé du nucléaire et des énergies renouvelables.
En Espagne, le réseau électrique "est plus exposé" à ces énergies dépendantes des conditions climatiques, remarque le directeur général de Voltalis, Mathieu Bineau, interrogé par Le Figaro. Par conséquent, "le pays manque de solutions d'accompagnement pour contrebalancer l'arrêt d'un parc éolien" par exemple, ajoute-t-il. L'Hexagone paraît donc mieux armé pour faire face aux méga-pannes.