En matière de stress, la procédure est en passe de détrôner le bac. Les lycéens de Terminale qui veulent entamer des études supérieures et les étudiants en réorientation peuvent inscrire à partir de mardi leurs vœux sur Parcoursup. Cette plateforme d'admission post-bac, inaugurée l'an dernier, a connu quelques modifications pour réduire l'attente et l'inquiétude des candidats. Mais cette démarche semble avoir davantage rassuré les parents que les lycéens eux-mêmes.
"On parle tout le temps de sélection à nos enfants". "Je ne suis pas inquiet, je trouve ça pratique et bien fait", confie ainsi à Europe 1 Jean-Christophe, qui a deux fils en Terminale. Mais on ne peut pas en dire autant de ses garçons. "Je pense qu'eux ont une inquiétude, qui porte plus sur le fait de devoir se presser, le fait de devoir choisir... On rajoute de l'angoisse à une angoisse qui est celle de l'enfant qui passe à l'âge adulte", reconnaît-il. "On parle tout le temps de sélection à nos enfants et ça, ça les angoisse énormément. Ce que je remarque au niveau des miens, c'est qu'ils ont pas forcément envie d'aller dans le monde adulte, professionnel, etc, parce qu'ils se disent que c'est un enfer", constate-t-il.
"A l'époque, on campait devant la fac". "Je n'ai aucune inquiétude", assure de son côté Marie, maman d'Anatole, en Terminale ES. "Oui, il y a eu énormément de bugs l'année dernière, j'ai suivi ça de près, mais j'ai l'impression qu'ils ont corrigé cet énorme écueil", précise-t-elle. "A l'époque, quand on voulait s'inscrire à Assas, on campait devant la fac, rue d'Assas, toute la nuit. Donc Parcoursup, pour moi, c'est un énorme progrès", relativise cette mère de famille. "Celui qui est concerné par Parcoursup est beaucoup plus inquiet que moi", admet-elle en revanche. "Il suffit d'aller au lycée : entre eux, ils en parlent comme d'un truc mystérieux, inquiétant, l'outil ultime qui laisse des gens sur le bord de la route", conclut-elle.
Ce fut l'un des gros reproches adressés l'an dernier à Parcoursup : le nouveau dispositif générait stress et angoisse chez les jeunes, dont beaucoup découvraient avec stupéfaction être 2.000 ou 3.000ème sur liste d'attente pour des filières non sélectives. Ils se connectaient tous les matins jusque tard dans l'été pour savoir s'ils étaient enfin pris dans la formation de leur choix. Le calendrier a donc cette année été resserré. Et les formations indiqueront chacune le rang du dernier appelé lors de la session 2018, afin que le candidat puisse estimer ses chances d'être accepté.
Un accompagnement pour les indécis. Autre nouveauté, les candidats n'ayant toujours pas accepté définitivement une proposition après les écrits du bac se verront proposer par la plateforme un accompagnement, par téléphone ou en personne, par des équipes de son lycée ou un psychologue d'un centre de formation et d'orientation (CIO) pour l'aider à trancher.
Concrètement, les jeunes peuvent s'inscrire sur la plateforme à partir du 22 janvier et jusqu'au 14 mars. Ils doivent entrer une adresse électronique qui leur permettra de recevoir des informations tout au long de la procédure, ainsi qu'un identifiant figurant sur les bulletins de notes. Les jeunes en situation de handicap peuvent, s'ils le souhaitent, remplir une fiche de liaison. A partir du 15 mars, il ne sera plus possible de modifier les vœux mais les candidats ont jusqu'au 3 avril pour finaliser leurs dossiers avec les éléments demandés par les formations, et confirmer leurs vœux.
Réponses à partir du 15 mai. Les réponses commenceront à tomber, au fil de l'eau, à partir du 15 mai, et ce jusqu'au 19 juillet pour la phase principale. Elles seront suspendues pendant les épreuves écrites du bac du 17 au 24 juin. La phase complémentaire, ouverte aux candidats qui n'ont essuyé que des refus ou qui changent de vœux, est elle ouverte du 25 juin au 14 septembre.
Jusqu'à dix vœux non classés. Comme l'an dernier, le jeune peut inscrire jusqu'à dix vœux (avec des sous-vœux pour certaines formations, par exemple un BTS "Métiers de la chimie" dans plusieurs établissements), qu'il ne classe pas. C'est la grande différence avec le dispositif précédent, APB, qui obligeait le candidat à décider plusieurs mois avant le bac de la formation qu'il plaçait au-dessus des autres. Pour chaque vœu, le jeune doit expliquer sa motivation en quelques lignes. Sera aussi transmise aux universités et formations sélectives "une fiche Avenir" remplie par les professeurs, qui évoque notamment les compétences non scolaires de l'élève.
Parcoursup regroupe quelque 14.000 formations publiques et privées (85% du total des formations). Il a intégré cette année les 350 instituts de formations aux soins infirmiers (Ifsi) et les 150 établissements de formation en travail social (EFTS). En 2020, toutes les formations reconnues par l'Etat auront l'obligation d'être sur la plateforme.