Comment évaluer les dossiers de candidats sur ParcourSup, alors que la majorité des élèves de terminale n'ont pas été évalués au cours de cette année, bouleversée par la crise sanitaire, que par le simple contrôle continu ? Les candidats recevront les réponses à leurs vœux le jeudi 27 mai. Mais déjà la plupart des professeurs du supérieur font le même constat : il est très compliqué cette année de départager les candidats.
"On a l’impression que les lycées ont augmenté les notes de manière artificielle"
Les notes que les professeurs du supérieur en charge de sélectionner les dossiers sur Parcoursup ont sous les yeux cette année, issues pour la plupart du contrôle continu, sont souvent dithyrambiques. Ce qui ne manque pas d'interroger alors que les enseignements ont été chamboulés par l'épidémie, et souvent conduits à distance. Quelques enseignants de lycée ont même cru bon d’apposer la mention "100% présentiel" pour favoriser leurs élèves lorsque ceux-ci n’étaient pas en demi-jauge.
Enseignant en prépa HEC à Saint-Michel de Picpus à Paris, Hugo Billard assure n’avoir jamais vu ça. "On a l’impression que les lycées ont augmenté les notes de manière artificielle, avec des moyennes de classe à 16, 17 ou 18 dans presque toutes les matières, et des appréciations qui se ressemblent toutes d’un établissement à un autre", pointe-t-il auprès d’Europe 1.
Un risque d'inégalités sociales
"Beaucoup plus que les années précédentes, la réputation des établissements a joué dans les dossiers que nous avons sélectionnés. Nous avons été obligés de laisser de côté un certain nombre de dossiers excellents, parce que nous n’avions pas confiance dans la manière dont les évaluations avaient eu lieu", confie-t-il.
Mais en accordant un tel poids aux établissements d’origine dans la sélection des dossiers, les examinateurs risquent aussi d’accroître les inégalités sociales. Beaucoup d’enseignants en filière d'excellence se demandent enfin si le niveau des élèves correspondra réellement a leur dossier, et s’ils seront capables de suivre correctement cette première année dans l’enseignement supérieur.