Plusieurs milliers d'enseignants d'écoles maternelles et élémentaires, de collèges et lycées ont défilé samedi en France à l'appel des cinq principaux syndicats de l'Éducation pour protester contre "la loi Blanquer" et la réforme du lycée.
Les manifestants étaient 6.500 à Paris, selon la préfecture de police. Ils étaient plus de 2.000 à Nantes selon la police, ou encore un millier à Strasbourg.
De l'inquiétude dans les rangs
"Ça fait longtemps que les collègues n'étaient pas aussi remontés, et de manière aussi soudaine", dit à l'AFP Agnès, professeur dans une école du 20ème arrondissement à Paris, 35 ans de carrière. Le projet de loi du ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, "sur l'école de la confiance", suscite la défiance. Voté par l'Assemblée nationale, il doit encore passer début mai devant le Sénat.
"Ça a commencé en janvier-février avec les menaces et les pressions sur les collègues qui ont refusé de faire remonter les résultats des évaluations des CP. Des évaluations mal conçues, qu'ils ont quand même fait passer, mais dont ils ont refusé d'entrer les résultats nominatifs sur une plateforme hébergée par Amazon en Irlande", explique Agnès. "Et puis l'amendement qui parle de création d'établissements regroupant des écoles et un collège, avec la suppression des directeurs d'école nous a vraiment inquiétés", ajoute cette enseignante d'une école en éducation prioritaire (REP+), syndiquée au SNUipp-FSU.
Contre la réforme du lycée et du bac
Le ministre a adressé vendredi une lettre aux professeurs, les présentant comme "l'avant-garde du progrès social". Il avait également précisé cette semaine ne pas vouloir "imposer" les regroupements écoles-collèges, "loin s'en faut". Jean-Michel Blanquer s'est dit "tout à fait prêt" à ajouter la nécessité de "l'accord de la communauté éducative" pour que les regroupements écoles-collège voient le jour.
Du côté du secondaire, des profs se mobilisent contre la réforme du lycée et du bac, prévue pour septembre et qui supprime les séries S, ES et L. "J'ai du mal à suivre notre ministre", soupire Sandrine, prof d'anglais dans un lycée de la banlieue ouest. Cette réforme était censée "ouvrir les choix (des disciplines) aux élèves, mais on leur répond le plus souvent 'ce sera en fonction des places disponibles'", dit-elle.