Agriculteurs : pas d’actions coup de poing, mobilisations en plusieurs vagues... Pourquoi la FNSEA change de ton ?
Alors que les mobilisations du début d’année avaient été marquées par des blocages importants, la FNSEA opte cette fois-ci pour un mouvement plus doux. Le syndicat dit ne pas vouloir prendre les Français en otage à l’approche des fêtes. Mais en réalité, le syndicat marche aussi sur des œufs à l’approche des élections professionnelles et face à une diversité d’opinions en interne.
Acte II de la fronde agricole. La FNSEA lance mardi un nouveau round de mobilisation pour dénoncer cette fois-ci l’excès de normes. Une FNSEA qui semble avoir changé de méthode en l’espace de quelques mois. En début d’année, le premier syndicat agricole appelait à des blocages et des actions coups de poing un peu partout en France. Cette fois-ci, les mobilisations sont bien plus timides. Le syndicat ne serait-il pas un peu gêné aux entournures ?
Même si le sujet est évité par les porte-paroles de la FNSEA, les élections professionnelles arrivent à grands pas. En janvier, les agriculteurs éliront leurs représentants aux Chambres d’Agriculture.
Les élections professionnelles en approche
La FNSEA doit montrer qu’elle défend les exploitants pour ne pas manquer le coche. Alexandre Hobeika, chercheur au CIRAD, le centre de recherche agronomique et spécialiste de la FNSEA, rappelle l’importance de ces élections.
"Ce sont des élections qui déterminent aussi les financements et les leviers de pouvoirs sur les politiques agricoles. La FNSEA et les JA font plus que 50% depuis toujours, mais leurs scores diminuent quand même tendanciellement sur les dernières élections et s’approchent des 50. Un enjeu va être de voir s’ils passent en-dessous des 50%."
Une diversité d’opinions en interne
Problème pour la FNSEA, sa taille ! Le syndicat est majoritaire et représente donc des exploitants aux profils très variés. Il faut alors parfois se livrer à un numéro d’équilibriste, comme sur l’accord du Mercosur, et trouver des compromis. En interne, les intérêts peuvent parfois diverger, reconnait le secrétaire général de la FNSEA, Hervé Lapie. "Nos collègues de vins et spiritueux que je connais très bien, et notamment chez moi dans la filière Champagne, ils ont besoin d’exporter leur champagne à l’étranger. Mais les champenois ont très bien compris qu’on ne pouvait pas brader le secteur du bovin, du sucre, du poulet, en contrepartie."
La FNSEA semble aussi payer des années de participation à l’élaboration de la politique agricole. Cette politique est dénoncée, par exemple, par la Coordination rurale. Ainsi, le deuxième syndicat a, lui, choisi de multiplier les blocages un peu partout en France et cela pourrait bien s’avérer payant dans les urnes.