Paula est policière depuis 1998. Progressivement, son état de santé s'est dégradé, physiquement et mentalement. Lors de son burn-out, sa hiérarchie n'a pas du tout compris son malaise et c'est la compagnie d'autres fonctionnaires de police qui lui a permis d'aller mieux. Elle témoigne au micro d'Olivier Delacroix sur Europe 1.
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"Je travaillais en journée, et je suis passée de nuit. Mon burn-out ? Ça s'est traduit par un mal de dos, des douleurs insupportables, aussi bien physiquement que moralement. On se sent impuissant, fatigué, mal à l'aise. On a l'impression qu'on ne peut plus rien faire, que personne ne peut nous aider. On n'a qu'une envie : que ça s'arrête. Mais en même temps, on se dit qu'il ne faut pas que ça se voit, on veut se cacher. On le nie.
Une hiérarchie "qui n'a pas su entendre"
Dans mon boulot, on n'est pas là pour être encouragé. Les collègues, ils sont là pour vous, mais dans la hiérarchie, il n'y en a pas un seul qui essaye de vous sauver ou vous relever. J'ai essayé de leur en faire part. Quand mon médecin m'a mise en arrêt maladie, on m'a dit : "Il fallait venir toquer à notre porte". C'est ce que j'ai fait, mais il aurait peut-être fallu que je vienne avec mon arme sur la tempe. Ils n'ont pas su entendre.
En rentrant de vacances, un médecin m'a envoyé au Courbat (près de Tours, NDLR), un établissement qui aide les fonctionnaires de police non pas à se soigner, mais à essayer d'aller mieux. Ils vous donnent des médicaments, il y a un entourage médical, mais la meilleure thérapie, c'est de voir et de parler à d'autres personnes qui sont dans le même cas que vous, alors que vous êtes persuadée d'être toute seule. Là-bas, on noue vraiment des liens forts avec d'autres fonctionnaires de police dans le même cas. Quelques-uns sont suivis par la hiérarchie, mais très peu. La mienne a été absente, même après le Courbat. Je n'ai jamais eu un mot de soutien, rien.
"Un petit déclic, et vous recraquez"
Après le burn-out, on peut aller mieux, mais je ne suis pas sûre qu'on guérisse. Un petit déclic, et vous recraquez. Depuis mon burn-out, j'ai été mutée dans le sud de la France et je vois encore des collègues qui souffrent, qui sont débordés, qui ont la pression car il y a trop de boulot et pas assez d'effectifs. Aujourd'hui, j'en suis à me demander : 'Est-ce que je ne vais pas changer de vie ?'"