330.000 victimes abusées en France, 3.000 prêtres prédateurs... La publication du rapport Sauvé a fait, sans conteste, l'effet d'une bombe au sein de l'Eglise. La Conférence des évêques de France a admis, le 5 novembre, la "dimension systémique" de ces violences. Et dans le monde entier, l'heure est à l'examen de conscience pour les catholiques. Mais la doctrine de l'Eglise est-elle en cause ? Faut-il revoir le statut des prêtres, par exemple ? Non, répond le cardinal Robert Sarah, invité dimanche du Grand rendez-vous.
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"Un prêtre qui abuse d'un enfant s'éloigne de son identité sacerdotale. C'est parce que sa vie n'est plus irriguée par la foi. Dieu n'est plus présent dans sa foi. S'il commet de tels crimes, c'est que Dieu est absent dans sa vie. Ce n'est pas une question de structure d'Eglise. L'homme qui commet de tels crimes est le seul responsable de son acte. C'est lui qui doit répondre de ses actes. On ne peut pas accuser la structure, ni le dogme, ni la doctrine. La doctrine est une manière qui nous conduit, qui conduit l'homme vers Dieu", défend le cardinal.
Que répondre aux fidèles catholiques déçus ?
Pour Robert Sarah, les prêtres doivent prendre conscience de ce que signifie leur place et leur rôle au sein de l'Eglise. "Ce n'est pas parce qu'ils disent 'Seigneur, Seigneur' qu'ils vont aller au ciel. Professer la foi, c'est mettre Dieu dans son cœur, dans sa vie, dans son action".
Mais que répondre aux fidèles déçus par l'Eglise, voire dégoûtés ou terrifiés par le statut même de prêtre, fragilisé par ces accusations ? "Il faut regarder Jésus, ce n'est pas l'homme qu'il faut regarder. Moi, je peux être un pauvre prêtre. Parce que je suis faible, j'ai perdu mon identité. Il ne faut pas me suivre moi. Jésus, c'est lui notre modèle, le modèle parfait, l'homme parfait", répond le prélat. Avant de conclure : "Lisons son Evangile. Et prions aussi".