Picardie : écoles et collèges "morts" contre la réforme Blanquer et la baisse des moyens

À Amiens, ville la plus touchée, 18 des 94 écoles enregistraient lundi des taux d'absentéisme allant de 22 % à 100%. (Photo d'illustration)
À Amiens, ville la plus touchée, 18 des 94 écoles enregistraient lundi des taux d'absentéisme allant de 22 % à 100%. (Photo d'illustration) © Pixabay / Creative Commons
  • Copié
avec AFP
Plus d'une trentaine d'établissements picards, principalement des écoles et collèges, enregistraient lundi un taux d'absentéisme important, des parents d'élèves dénonçant ainsi le projet de loi Blanquer et la baisse des moyens.

De nombreux parents d'élèves de Picardie, particulièrement de la Somme, ont mené lundi une opération "établissements morts" dans des écoles, collèges et lycées, pour dénoncer le projet de loi Blanquer et des "baisses de moyens" annoncées pour la rentrée prochaine.

Plus d'une trentaine d'établissements concernés

Dans plus d'une trentaine d'établissements concernés, majoritairement des écoles et collèges, les professeurs étaient présents, mais beaucoup de parents avaient "choisi de ne pas emmener leurs enfants en cours" en signe de protestation, a expliqué à l'AFP Ghislaine Lefebvre, représentante de la FCPE Picardie. Des parents prévoient aussi "d'occuper" les locaux de plusieurs établissements dans la nuit de lundi à mardi.

À Amiens, ville la plus touchée, 18 des 94 écoles enregistraient lundi des taux d'absentéisme allant de 22 % à 100%, et "cinq écoles ont fait l'objet de blocage par les parents d'élèves", selon le rectorat. Dans les quatre écoles de Péronne, entre 58 et 93% des élèves étaient absents.

De même source, dans le second degré, 10 des 50 collèges de la Somme n'ont accueilli que la moitié des élèves ou moins, avec des taux d'absentéisme dépassant 90% dans certains collèges d'Amiens, Oisemont, Villers-Bocage ou Bernaville. La mobilisation était "plus faible" dans l'Oise et l'Aisne, avec peu d'écoles et collèges touchés mais des taux d'absentéisme importants.

Une réforme critiquée

Les parents d'élèves dénoncent le projet de loi "pour une école de la confiance", voté en février à l'Assemblée nationale. Le projet prévoit l'abaissement de l'instruction obligatoire de 6 ans à 3 ans. En outre, le texte instaure le possible regroupement des classes d'un collège et d'une ou plusieurs écoles au sein d'établissements "des savoirs fondamentaux", qui "se traduira par des suppressions de postes" et "des fermetures de petites écoles rurales, particulièrement dans l'Aisne", a regretté Ghislaine Lefebvre.

Les parents d'élèves déplorent également "la diminution du nombre de postes de Rased" (réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté, constitués d'enseignants et de psychologues spécialisés) dans les écoles, la "baisse du nombre d'heures d'enseignement et d'effectifs" et l'augmentation du nombre d'élèves par classe dans les collèges "y compris ceux classés REP et REP+" (réseaux d'éducation prioritaire). Ils regrettent aussi la réforme du baccalauréat "qui est encore très floue", a affirmé Ghislaine Lefebvre.

 

"Ils vont gratter notamment sur les collèges en REP+ dans le deuxième département de France avec les pires difficultés en lecture à l'entrée au collège. Ce n'est pas en mettant moins de moyens sur les collèges en REP+ qu'on va parvenir à les résoudre", a déclaré à l'AFP le député LFI de la Somme, François Ruffin, qui a rencontré lundi des professeurs et parents d'élèves de la Somme. "Aujourd'hui, je ressens de la fierté car les enseignants et parents d'élèves de la Somme agissent", a-t-il ajouté en disant espérer "un effet de contagion sur les autres départements".

Le rectorat a pour sa part indiqué que les moyens disponibles et le nombre de collégiens dans l'académie était en baisse, les établissements de l'académie comptant 2.442 collégiens de moins depuis 2014.