Une majorité de Français interrogés sur la possibilité de "travailler plus" y sont opposés (54%), selon un sondage Ifop pour le JDD qui montre d'importantes disparités selon les professions, âges ou opinions politiques des répondants. Interrogés sur l'intention du président de la République, à l'issue du grand débat national, d'évoquer le principe de "travailler plus" en France, 46% des personnes interrogées se disent plutôt (32%) ou tout à fait d'accord (14%), contre 54% qui sont plutôt (28%) ou tout à fait (26%) pas d'accord.
Les sympathisants PS, LFI et RN contre. Tandis que 75% des personnes proches de LREM et même 84% des répondants proches des Républicains (LR) sont d'accord avec l'idée de travailler plus, 62% des sympathisants du PS, 65% de ceux de La France insoumise et 67% de ceux du Rassemblement national y sont opposés.
Les disparités sont importantes également selon l'âge des répondants. En dessous de 35 ans, 56% sont opposés à l'idée de travailler plus, une proportion sensiblement la même que dans la population de 35 ans et plus (53% contre). Mais les différences s'accentuent au sein de ce deuxième sous-groupe: parmi les 50-64 ans, l'opposition à l'idée de travailler plus grimpe à 65%, tandis qu'à l'inverse parmi les 65 ans et plus, 67% des personnes interrogées sont pour.
Les dirigeants d'entreprises pour. Alors que 55% des artisans et commerçants sont favorables au fait de travailler plus, le taux tombe à 29% chez les ouvriers. Les dirigeants d'entreprises approuvent l'idée à 61%, mais ils ne sont que 39% parmi les salariés du privé, 35% parmi ceux du public et 26% parmi les chômeurs.
A la question de savoir, dans le cas où les Français seraient amenés à travailler plus, par quelles mesures cela passerait selon eux, les sondés citent en premier lieu le fait de travailler plus dans la semaine par l'abandon des 35 heures (41%). Sur un total de 100%, viennent ensuite l'augmentation des années de cotisation pour bénéficier d'une retraite à taux plein (25%) et la suppression d'un ou plusieurs jours fériés dans l'année (14%), tandis que 20% ne privilégient aucune de ces solutions.
Une nouvelle journée de solidarité ? Interrogée par l'hebdomadaire sur le sujet, la députée LREM Aurore Bergé défend la proposition de son parti "d'une nouvelle journée de solidarité pour financer la prise en charge de la dépendance et du grand âge", se disant "persuadée que les Français sont d'accord pour travailler plus si on explique que 100 % des recettes de la journée de solidarité sont consacrées à la baisse de leurs impôts ou au financement des Ehpad".
Quant à Yves Veyrier, secrétaire général de FO, il estime dans les colonnes du JDD que rouvrir le débat sur les 35 heures serait "le retour des vieilles lunes" à l'heure où "nous avons 9 % de taux de chômage", et rejette la suppression d'un jour férié qui consiste à "penser qu'on doit travailler plus gratuitement, pour participer au financement de la solidarité". Quant à la concertation sur les retraites, que FO vient de quitter, elle est "faussée", selon lui. "Nous ne serons pas caution de décisions prises dans notre dos", avertit Yves Veyrier, pour qui "s'il faut appeler à la grève, nous sommes prêts à nous mobiliser".