Le groupe Lactalis, dont une fromagerie est mise en cause dans une affaire de pollution à Saint-Just-de-Claix en Isère, a rejeté la faute, mardi, sur le maire de cette commune qui lui refuse la construction d'une station d'épuration autonome. Lundi devant le tribunal correctionnel de Grenoble, 500.000 euros d'amende, soit la peine maximale, ont été requis à l'encontre de L'Étoile du Vercors, propriété de Lactalis depuis 2011.
Lactalis veut sa propre station d'épuration. La justice, saisie en 2017 par la Frapna (Fédération de protection de la nature en Rhône-Alpes), reproche à la fromagerie - poursuivie avec son ancien et son actuel dirigeants - de rejeter ses déchets industriels non traités dans les eaux de la rivière Isère, ce qu'elle fait depuis sa création en 1942. L'établissement avait demandé, en 2000, son raccordement à une station d'épuration intercommunale en construction, qui a vu le jour depuis, mais elle y a renoncé en 2014, jugeant l'installation non conforme à ses besoins et souhaitant construire sa propre structure d'assainissement. Mais, pour la commune de Saint-Just-de-Claix, qui lui a refusé à quatre reprises un permis de construire, la station existante convient parfaitement. Une position "incompréhensible et inadmissible", selon Lactalis.
La mairie pointée du doigt. "Le but du maire est clairement de faire financer par la société Étoile du Vercors des erreurs d'investissements dans une station d'épuration très coûteuse, construite en 2009 et qui se révèle techniquement inadaptée pour traiter les effluents de la fromagerie", déclare le groupe dans un communiqué. "Le refus du maire empêche de facto tout traitement des effluents. La seule solution serait d'arrêter la production de la fromagerie, ce qui aurait des conséquences pour les 150 collaborateurs et les 84 producteurs de lait de la région", ajoute-t-il. À l'audience lundi, le procureur a demandé l'arrêt des opérations de rejet, en accusant Lactalis de jouer la montre. Le tribunal doit rendre son jugement le 14 janvier.