Pour eux, le voile n'est pas le symbole d'un libre choix religieux mais celui d'un asservissement des femmes. Cette semaine, dans Marianne, 100 musulmanes et musulmans signent une tribune clamant que "le voile est sexiste et obscurantiste". L'une des signataires, qui a préféré rester anonyme, s'est confiée samedi à Europe 1.
"Si vous ne le portez pas, vous êtes mise au ban"
Cette musulmane raconte les "insultes", les "menaces", les "intimidations" qu'elle reçoit sur Internet, "sur des réseaux proches" de ce qu'elle associe aux "Frères musulmans". Mais aussi dans la "vraie" vie. "Je me fais régulièrement invectiver sur ma tenue qui n'est pas conforme", dénonce-t-elle.
Selon cette jeune femme, il est faux de dire que le voile islamique peut être arboré par choix. "La liberté de choix est complètement fausse, elle n'existe pas en vérité", explique-t-elle. "Ils me font rire doucement, ces journalistes et hommes bien-pensants qui vivent dans les beaux quartiers et prônent la liberté. Quand vous êtes une femme, que vous vivez dans les quartiers et que huit femmes sur dix portent [le voile], je peux vous dire que la liberté de choix est toute relative. Si vous ne le portez pas, vous êtes mise au ban. Cela s'est institué partout, dans les écoles, les associations, la rue."
Musulmane et laïque
Cette signataire se "revendique" musulmane. "Mais je dis aussi que je suis progressiste, laïque, ce n'est pas antinomique", clame-t-elle. "Je suis Française, j'aime profondément la République. Je ne veux pas qu'une autre idéologie vienne s'installer. Une certaine frange de notre religion se radicalise, est velléitaire, expansionniste et dangereuse. Je ne veux pas qu'on m'assimile à ça."
Les propos d'Emmanuel Macron, qui a estimé que le port du voile dans l'espace public n'était "pas son affaire", l'ont découragée. "L'espace public est le premier lieu où se joue cette bataille. Les femmes sont invisibilisées. Dans ces quartiers, il y a beaucoup de souffrance, de misère, un abandon de l'État. Si cette mouvance trouve une écoute, c'est parce qu'il y a un terrain favorable. Il faudrait que l'État réinvestisse réellement les quartiers."