Pour les parties civiles, l'acte de Jawad Bendaoud est "aussi important que le terrorisme"

Maître Samia Maktouf était l'invitée d'Europe 1 Bonjour jeudi.
Maître Samia Maktouf était l'invitée d'Europe 1 Bonjour jeudi.
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Maître Samia Maktouf, avocate de 35 parties civiles dans le procès de Jawad Bendaoud, est revenue sur la demande de requalification des faits faite mercredi par les parties civiles.
INTERVIEW

Au lendemain de l’ouverture du procès du "logeur" des attentats de Paris et Saint-Denis, les parties civiles attendent la justice au tournant. Alors que Jawad Bendaoud est soupçonné d'avoir fourni un hébergement à deux des terroristes, dont Abdelhamid Abaaoud, leur coordinateur présumé, leurs avocats ont demandé la requalification des faits en infraction aggravée. "C'est la première approche de ce qui s'est passé le 13 novembre", a indiqué sur Europe 1 Maître Samia Maktouf, avocate de 35 parties civiles, jeudi.

Un procès "très important (...), mais qui n'est pas le procès du 13-Novembre". Ce procès "est un procès qui est en relation, qui est lié aux attentats, mais ce n'est pas pour autant le procès du 13-Novembre, ce n'est pas le procès de Salah Abdeslam", rappelle l'avocate. Malgré cela, "c'est un procès très important, il y a des attentes de la part des victimes, de la part des parties civiles, de leurs familles et des survivants" pour comprendre "quel a été le rôle de ces trois prévenus qui doivent aujourd'hui répondre la justice", indique-t-elle.

Des actes "aussi important que le terrorisme". Tout au long du procès, la justice devra donc déterminer le niveau de responsabilité de Jawad Bendaoud. Alors que pour le parquet, le "logeur" n'est pas considéré comme un terroriste, pour Maître Samia Maktouf, son acte est "aussi important que le terrorisme". "C'est une manière de lever le voile sur des personnes qui gravitent autour du terrorisme et qui, jusqu’à présent, dans une forme de lâcheté ordinaire, tendent leur main à des terroristes et leur permettent de commettre des actes terroristes paisiblement", explique-t-elle. "Nous sommes dans un acte périphérique aux attentats, mais pour autant (il faut rappeler) que ce n'est pas normal, c'est un acte condamnable. Jawad et les autres prévenus n'ont pas conscience de la gravité de ce qu'ils ont fait. Il faut que les 'caïds' le comprennent".

Pour Sonia, "une prison à ciel ouvert". A l'inverse, Sonia, la cliente de Maître Samia Maktouf qui, elle, "a pris la peine de prévenir pour arrêter ces terroristes", "vit dans une prison à ciel ouvert". Pour autant, elle "ne regrette pas de l'avoir fait, même si elle ne vit plus aujourd'hui", assure son avocate. Désormais, "elle attend que certaines vérités soient levées, que des zones d'ombres soient racontées et que justice soit faite et surtout que d'autres personnes comme elles puissent participer à la lutte contre le terrorisme en allant dénoncer des actes terroristes et j'espère que notre législation évoluera dans le sens de la protection des témoins", a-t-elle conclu.

L'attitude désinvolte de Jawad Bendaoud. A l'issue de la première journée du procès, mercredi, certains avocats ont dénoncé l'attitude désinvolte du prévenu. "Jawad Bendaoud était visiblement beaucoup plus intéressé par le dessin que faisait le dessinateur de presse que par le rapport que faisait la présidente du dossier", a expliqué à Europe 1 Maître Didier Seban, avocat de la partie civile. "Pour le moment, il a l'air assez calme, on peut espérer que l’audience permettra de lui poser toutes les questions sur les raisons pour lesquelles il a hébergé ces deux terroristes".

Qu'est-ce que la justice reproche à Jawad Bendaoud ?