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Présidentielle : se sentant abandonnés, les commerçants interpellent les candidats

Elise Denjean, édité par Ugo Pascolo - Mis à jour le . 2 min

À moins de deux mois de l'élection présidentielle, les commerçants se sentent un peu abandonnés des candidats. La question de leur avenir leur semble complètement absente des débats de cette campagne. Ils ont donc formulé tout un tas de propositions pour tenter de peser sur les programmes, et sur le prochain quinquennat.

C'est l'un des thèmes oubliés de cette campagne électorale : l'avenir de nos commerçants. Pourtant ce secteur est celui qui embauche le plus en France, devant l'industrie. Il représente en effet à lui seul près d'un million d'entreprises et plus de trois millions de salariés. Alors pour interpeller les candidats à l'élection présidentielle , l'Alliance du commerce et le Procos, qui représentent les enseignes spécialisées, ont publié cette semaine un livre blanc avec 22 propositions.

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Un enjeu central : l'investissement dans la transition numérique

"Depuis 2 ans, on ne parle que du commerce en réaction à la crise, se désole Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du commerce. Maintenant, il faut parler de l'avenir du commerce !" Avec le Procos, il appelle donc à un plan stratégique d'ampleur pour le secteur, à horizon 2030. Ce dernier pourrait être nourri des différentes propositions de la filière. Par exemple, simplifier le dispositif de formation des salariés en poste ou encore réhausser l'âge limite à 30 ans pour réaliser un apprentissage.Les commerçants appellent aussi à moderniser toutes les zones de commerces, pas seulement celles des villes moyennes et de petite taille, alors que la "décommercialisation" touche aussi les grandes villes, comme Paris. "On doit se transformer vite, donc on doit avoir des moyens", résume Yohann Petiot. Pour cela, le secteur doit doubler d'ici à 5 ans ses investissements pour sa transformation numérique et environnementale. 

Aujourd'hui, ils ne représentent que 2% de son chiffre d'affaires, soit 11 milliards d'euros par an. En comparaison, Amazon en investit 50 milliards à lui tout seul. "Les enseignes doivent prendre leurs responsabilités, mais il faut aussi le soutien de l'État", conclut le directeur général de l'Alliance du commerce. Et il y a urgence. Ce soutien doit intervenir "dès le début du prochain quinquennat", pour que la filière puisse prendre le train en marche. "Aujourd'hui, le poids de l'e-commerce dans les ventes du commerce de détail, représente à peu près 14% à fin 2021", explique Emmanuel Le Roch, délégué général du Procos. "On sait tous que ça va passer à 25-30% entre 2025 et 2030. L'enjeu, c'est de savoir qui va aller capter ces parts de marché ?" 

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Redonner le goût de l'achat en magasin

Pour contrer les mastodontes de l'e-commerce, il faut aussi faire revenir les clients en magasin. Or, "les commerces ne sont ouverts qu'environ 30% du temps libre des Français", constate Yohann Petiot. L'Alliance du commerce et le Procos préconisent donc un assouplissement des horaires d'ouverture des boutiques, avec par exemple la possibilité d'ouvrir 12 dimanches par an. Mais également en soirée pour certaines occasions comme les soldes, la rentrée scolaire ou encore les fêtes de Noël. "Si on veut que le commerce physique vive encore demain, il faut que les clients puissent s'y rendre. Sinon ce sera toujours plus simple de rester chez soi dans son canapé à commander en ligne", justifie le directeur général de l'Alliance du commerce. Les commerçants demandent aussi la suppression de la taxe sur les surfaces commerciales, qui repose sur le chiffre d'affaires réalisé.

Selon les professionnels du secteur, cette taxe a explosé ces dernières années en étant multipliée par cinq environ. Elle pèse aujourd'hui à hauteur d'un milliard d'euros sur les entreprises. Une source d'inéquité avec les pure-players. Supprimer cette taxe permettrait par ailleurs de libérer des moyens d'investissement pour la transition numérique des commerces. Enfin, les commerçants réclament également l'encadrement des relations entre locataires et bailleurs afin de faire baisser les coûts de l'immobilier. Et pour chapeauter tout ça, ils formulent un autre vœu : celui d'avoir un ministre du commerce, dédié à ces questions.