La ministre de la Justice a revu jeudi à la hausse les propositions faites aux organisations syndicales pour sortir du conflit dans les prisons, en augmentant des primes pour un montant de 34 millions d'euros et en renforçant la sécurité, a annoncé le syndicat majoritaire.
Les syndicats soulignent "des avancées". "On constate des avancées : on est passé (depuis la semaine dernière) de 30 millions à 34 millions d'euros pour les indemnités, la création de 1.100 postes (pour 40 millions d'euros) et l'aménagement de 1.500 places pour les détenus radicalisés dans des quartiers spécifiques et totalement étanches", a déclaré Jean-François Forget, le secrétaire national de l'Ufap-Unsa, en sortant d'une réunion avec la ministre Nicole Belloubet.
Contactée, la chancellerie s'est refusée à toute déclaration. Dans le détail, Jean-François Forget a précisé que "l'indemnité de charge pénitentiaire", une prime annuelle, augmenterait de 400 euros (pour passer à 1.400) et indiqué qu'une nouvelle prime de "fidélisation et attractivité pour les jeunes" serait créée.
1.100 créations de postes sur quatre ans. Sur le plan sécuritaire, la chancellerie propose de doter l'ensemble des surveillants de gilets pare-balles et de systématiser le port de menottes pour les déplacements à l'intérieur de la prison des détenus dangereux, a-t-il poursuivi. La ministre a par ailleurs confirmé sa proposition de créer 1.100 postes sur quatre ans et "s'est engagée à consulter les syndicats sur l'affectation de ces nouveaux emplois", a-t-il indiqué.
"Elle nous a précisé qu'au nom du Premier ministre et en son nom, le gouvernement ne pourra pas aller au-delà des propositions qui nous sont remises", a-t-il encore dit, se refusant à "tout commentaire" avant d'avoir consulté ses militants et promis une réponse d'ici vendredi midi. Le mouvement de blocage des prisons, le plus important depuis 25 ans, se poursuivait jeudi pour le onzième jour consécutif, après plusieurs négociations infructueuses.
La CGT ne signera pas le projet d'accord de la chancellerie. Les discussions se sont poursuivies dans l'après-midi à la chancellerie avec les deux autres grands syndicats de surveillants, FO-Pénitentiaire et la CGT-Pénitentiaire. Le syndicat CGT-Pénitentiaire (15% aux dernières élections) a annoncé qu'il ne signerait pas les propositions présentées par le ministère de la Justice aux trois syndicats représentatifs de surveillants de prisons pour sortir de la crise.
"Les adhérents de la CGT (ont débattu) de ce projet. Nous l'avons soumis à appréciation sur les sites des personnels en lutte avec une question simple : doit-on oui ou non accepter les propositions de la ministre ?" A une "très large majorité (...) ils (ont répondu) non, donc, la CGT ne signera pas ce relevé de conclusion", explique le syndicat dans un communiqué.
Absence de "reconnaissance des missions de service public". "L'essentiel n'y est pas", estime la CGT en déplorant l'absence de "reconnaissance des missions de service public des personnels de surveillance dans (leur) statut". Le syndicat réitère sa demande que "soit actée dans le relevé de conclusion l'obtention de la catégorie B avec la fusion des grades de surveillants/brigadier et premier/major pour l'ensemble des personnels qui composent le corps d'encadrement et d'application".
Expliquant qu'un accord "doit être majoritaire pour être légal", il appelle ses sections à tenir des assemblées générales pour décider des suites à donner à la mobilisation des gardiens qui dure depuis onze jours. Tout comme la CGT, le syndicat FO pénitentiaire (30% aux dernières élections) a annoncé dans un communiqué qu'il ne signerait pas les propositions présentées par le ministère de la Justice.