Plaidant juste avant le réquisitoire du parquet au procès Balkany, l'avocat de l'Etat a réclamé jeudi un total d'un million d'euros de dommages et intérêts aux édiles de Levallois-Perret Patrick et Isabelle Balkany, à leur fils et à deux autres prévenus poursuivis pour "blanchiment de fraude fiscale" dans ce dossier tentaculaire. Jugés devant le tribunal correctionnel de Paris, le maire LR et la première adjointe de Levallois-Perret, commune cossue de l'ouest parisien, encourent jusqu'à dix ans de prison pour "blanchiment habituel de fraude fiscale aggravée" et autant d'inéligibilité. Lui est aussi poursuivi pour "corruption passive" et "prise illégale d'intérêts".
Sociétés-écran, comptes offshores : "Les procédés utilisés sont la démonstration de la volonté délictuelle" de Patrick et Isabelle Balkany, a plaidé Xavier Normand-Bodard, l'avocat de l'Etat, seule partie civile, aiguillonnant les grommellements de Patrick Balkany. L'Etat demande que ce million d'euros lui soit versé solidairement par cinq des six prévenus, poursuivis pour blanchiment de fraude fiscale à divers degrés: Patrick et Isabelle Balkany, leur fils Alexandre, leur éternel homme de confiance Jean-Pierre Aubry et l'avocat retraité Arnaud Claude.
Des réquisitions qui s'annoncent lourdes
Dans la foulée, les deux procureurs du parquet national financier (PNF) ont débuté leur réquisitoire, devant une salle comble. Dans un premier volet portant sur le seul délit de fraude fiscale, les représentants de l'accusation avaient requis mi-mai quatre ans de prison, avec mandat de dépôt, contre Patrick Balkany, deux ans ferme contre son épouse Isabelle, et dix ans d'inéligibilité contre eux deux.
Ce second réquisitoire s'annonce bien plus lourd. L'accusation reproche au couple Balkany des années de dissimulation, d'un magot en Suisse à de somptueuses propriétés aux Antilles et au Maroc, masquées par un chapelet de sociétés offshore, avec un faible pour le savoir-faire panaméen. Une grande partie de ces soupçons sont couverts par la prescription. Sur la seule période visée par les poursuites, 2007-2014, les Balkany sont poursuivis pour avoir dissimulé 13 millions d'euros d'avoirs.