Au quatrième jour du procès de la catastrophe de Brétigny, l'ex-patron de la SNCF Guillaume Pepy a exprimé jeudi sa "très profonde compassion et totale solidarité" envers les victimes en 2013 du déraillement du train, qui avait fait sept morts et plus de 400 blessés. "Personne ne prend le train pour avoir un accident, or cette catastrophe a fait de très nombreuses victimes et a eu des conséquences humaines absolument dramatiques", a dit Guillaume Pepy, dans un propos liminaire.
"Une violence qui ne s'efface pas"
Il est le premier témoin à être entendu par le tribunal d'Évry qui juge pendant huit semaines la Société nationale SNCF, SNCF Réseau et un cadre cheminot pour "homicides involontaires" et "blessures involontaires". Le 12 juillet 2013, un vendredi de départ en vacances, le retournement d'une éclisse en acier - sorte de grosse agrafe joignant deux rails consécutifs - a fait dérailler un train en gare de Brétigny-sur-Orge (Essonne), en banlieue parisienne.
"Je sais, en plus, ayant été président de la SNCF pendant ces années-là, que ces accidents collectifs de transports crée une souffrance d'une violence particulière et une violence qui ne s'efface pas", a poursuivi Guillaume Pepy à la barre, s'exprimant avec calme et gravité, cheveux blancs et costume bleu foncé. Avant le début de procès, le tribunal comptabilisait près 184 parties civiles : des personnes ayant été blessées physiquement ou psychologiquement, leurs proches, les proches des personnes décédées... Ces parties civiles comprennent également neuf personnes morales dont des syndicats et des associations.
Jusqu'à 225.000 euros d'amende
Leur nombre pourrait encore grossir, car les victimes ont jusqu'aux réquisitions du parquet pour se constituer partie civile. Jeudi, une quarantaine d'entre elles étaient présentes pour écouter Guillaume Pepy. Au moment du drame, le patron de la SNCF avait montré une implication émue, la presse l'ayant vu les larmes aux yeux sur les lieux de la catastrophe, vêtu de son gilet orange fluo. Il avait aussi affirmé la "responsabilité" ressentie par la SNCF pour "la vie de ses clients".
Mardi et mercredi, les représentants légaux de la Société nationale SNCF (héritière pénalement de la SNCF Infra, chargée de la maintenance) et du gestionnaire des voies SNCF Réseau (ex-Réseau Ferré de France) avaient également adressé leurs pensées aux victimes à la barre. Ils ont cependant contesté, d'emblée, les fautes qui leur sont reprochées. Les deux entités encourent jusqu'à 225.000 euros d'amende. Un troisième prévenu, cadre cheminot au moment des faits, encourt jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.