La justice est revenue lundi matin sur le déroulement de la tuerie dans les locaux de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, lors du procès des attentats commis à Paris et en banlieue parisienne il y a cinq ans et demi. Des vidéos de l'attaque issues des caméras de vidéosurveillance, souvent insoutenables, ont été diffusées et suscité l'émotion des parties civiles. Pour Caty Richard, l'une des avocates des parties civiles, malgré la douleur, il fallait pourtant diffuser les images.
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Dans ces documents, on voit la salle de rédaction de l'hebdomadaire satirique et les corps de victimes avec, pour chacune, un numéro d'identification. "Certaines de ces scènes peuvent heurter la sensibilité", avait prévenu le président de la cour, Régis de Jorna, pour permettre aux parties civiles - et notamment aux survivants des attaques - de ne pas assister à ce douloureux rappel. Plusieurs familles ont quitté la salle d'audience en pleurant.
Les Kouachi "déterminés, sans hésitation"
Me Caty Richard connaissait bien Tignous, l'un des membres de la rédaction tués ce jour-là : "Pour moi, là, maintenant, l'avocate se dispute avec l'amie. Je connaissais très bien Tignous, qui est un garçon extraordinaire. Pendant un certain temps, j'ai du mal à être seulement avocate", raconte-t-elle, des sanglots dans la voix, lors d'une suspension de séance.
"On est saisis d'une part par la motivation qu'on sent très forte de la part des frères Kouachi", poursuit Me Caty Richard. "On les voit déterminés, sans hésitation. On sait aussi qu'un bon nombre des victimes ont été lâchement assassinées de balles tirées de l'arrière vers l'avant."
"Mettre de l'humanité dans ce procès"
L'ancien responsable de la section antiterroriste de la brigade criminelle de Paris, Christian Deau, a relaté, de manière froide et clinique, les scènes du crime perpétré ce mercredi 7 janvier 2015. "C'est une scène d'horreur, c'est une scène de guerre qui s'est passé en une minute et 45 secondes", témoigne l'avocate. "On voit également les frères Kouachi, à la sortie, tuer ce policier (Ahmed Merabet, ndlr), qui leur dit, 'chef, ça va, c'est bon'. Ils l'assassinent, ils l'achèvent."
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Quatorze personnes sont jugées depuis le 2 septembre pour leur soutien logistique aux auteurs des attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et de l'Hyper Cacher de Vincennes, qui ont fait 17 morts au total et semé l'effroi. Cinq ans et demi plus tard, "il va falloir mettre de l'humanité dans ce procès, parce que ce qu'on vient de voir est inhumain", insiste Me Caty Richard. "On a vu des machines de guerre."