Ils ont raconté les vies brisées, les familles pulvérisées, l’onde de choc de l’attentat de Nice qui a causé la mort de 86 personnes en 2016 et fait plus de 400 blessés. Après plus de deux mois d'auditions, la cour d'assises spéciale de Paris a entendu les 80 avocats chargés de la défense des 2.500 parties civiles. Au cœur des plaidoiries, qui se sont achevées vendredi, la reconnaissance du statut de victimes et la culpabilité des huit accusés, notamment des trois principaux poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste criminelles.
>> LIRE AUSSI - Au procès de l'attentat de Nice, l'insoutenable projection des images de vidéosurveillance
"Nice, c’est une hécatombe transgénérationnelle, les victimes, ce sont des enfants, des pères, des frères, des mères", ont rappelé plusieurs avocats dans ce procès. Europe 1 a assisté à l'audience.
Les deux accusés qui concentrent les critiques
"L’attentat n’a pas été perpétré au doigt mouillé, tout a été minutieusement planifié. Le terroriste a bénéficié de souffleurs de braise", a affirmé maître Laurent Denis-Péraldi. Au total, deux hommes sur les huit accusés concentrent toutes les critiques : Mohamed Ghraieb et Chokri Chafroud. Ce dernier "ment tellement que ça revient à dire la vérité", ou "Ghraieb, ses mensonges sont une marque de fabrique", a souligné maître Philippe Soussi, avocat de plusieurs parties civiles et de l’association française des victimes du terrorisme.
Selon ce pénaliste niçois, ce qui accuse ces hommes, "c'est la chronologie des faits, la recherche d’arme, la proximité avec le terroriste qu’ils se sont efforcés de minimiser, leur présence dans le camion qui servira au massacre. Mohamed-Lahouaeij Bouhlel va les informer dès la location du 19 tonnes, et jusque dans les minutes précédant l’attentat", a-t-il ajouté.
Il y a enfin les nombreux messages, parfois ambigus, échangés par texto ou sur les réseaux sociaux, et aussi 1.278 communications téléphoniques entre le terroriste et Mohamed Ghraieb.
"Ce qui était important, c'était les éléments incriminants"
Au micro d'Europe 1, maître Philippe Soussi revient sur ce procès hors normes. "Les trois accusés principaux ont déployé une énergie considérable à démontrer qu'ils n'avaient aucun lien avec [Mohamed-Lahouaeij Bouhlel], alors que ce lien était un lien d'une proximité totalement invraisemblable", note-t-il, soulignant le nombre de communications téléphoniques. Un des accusés l'aurait appelé trois fois par jour, ce qui amène l'avocat à s'interroger : "Qui est amené à appeler quelqu'un autant de fois, sinon pour des relations extrêmement proches, avec lequel on est en affaire ?"
>> LIRE AUSSI - Procès de l'attentat de Nice : «Personne n'avait envisagé l'impensable» explique Estrosi
Le pénaliste niçois rappelle que les mensonges, beaucoup évoqués durant ce procès, "ne constituent pas une preuve de culpabilité". "Ce qui était important", poursuit-il, "c'était les éléments incriminants, la recherche d'armes, les échanges de SMS et leur relation avec le terroriste puisque pour la location du camion, le terroriste informe les accusés jusqu'au jour du 14 juillet lui-même". "Un des accusés va même faire 'un tour' dans le camion avec le terroriste, et ce sera le cas pour un deuxième accusé. Les éléments de preuve sont absolument accablants", affirme maître Philippe Soussi.
Les réquisitions du ministère public sont attendues mardi 6 décembre, et le verdict le 13 décembre.