Au procès des attentats du 13-Novembre, les avocats généraux ont requis la réclusion criminelle à perpétuité incompressible à l’encontre de Salah Abdeslam, principal accusé. Il s’agit de la plus lourde sanction prévue par le Code pénal. "Salah Abdeslam est resté jusqu'au bout fidèle à son idéologie et incapable d'exprimer le moindre remords. Il est loin d'avoir manifesté un abandon de cette servitude volontaire", a estimé l'avocate générale Camille Hennetier. Invité au micro d'Europe 1, Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de l'association Life for Paris, confie son émotion et sa satisfaction.
"La société française a été bien représentée dans ce procès"
"Cela fait du bien d'en arriver à cette phase", explique-t-il. "Ça fait du bien d'entendre ces réquisitions et ça fait aussi du bien d'entendre toute cette pédagogie de la part des avocats généraux qui ont vraiment détaillé pour chacun des accusés pourquoi et comment ils en étaient arrivés à la réquisition finale. Et on a pu entendre que ces mois d'audience ont changé la vision qu'avaient les avocats généraux de certains des accusés concernés. Ça valait le coup de vivre ce marathon pendant tous ces mois pour arriver à des réquisitions justes".
Les peines requises vont de cinq ans à la perpétuité incompressible. Pour Arthur Dénouveaux, les magistrats ont réussi à incarner la justice sans jamais prendre la lumière personnellement. "Et ça, c'était très important. La force de ce procès, c'est aussi de dire que c'est l'Etat de droit qui réagit au terrorisme. Je pense qu'ils ont réconcilié beaucoup de victimes avec la justice et j'espère que ça va au-delà d'ailleurs du cercle des parties civiles et que la société française dans son ensemble s'enorgueillit quelque part d'avoir été aussi bien représentée", déclare-t-il.
Une réassurance dans le pacte social français
"Ce qui est assez incroyable, c'est que la justice normale a montré qu'elle était capable de juger ce qu'il y a de plus anormal, à savoir l'attentat le plus meurtrier sur le sol français qui ait jamais été commis", poursuit-il.
"Et ça, c'est beau et on a pu douter de ça. Vous vous souvenez qu'il y avait eu des déclarations de responsables politiques parlant d'acte de guerre, mais les actes de guerre, ils ne sont pas jugés par un tribunal normal. Et là, on a montré qu'on avait un code pénal qui était à la hauteur des enjeux, qu'on avait une cour d'assises spécialement composée, qui était capable de faire face à un procès d'une telle durée, qu'on avait des magistrats bien formés, des services d'enquête et ainsi de suite. Et ça, c'est une réassurance dans le contrat social, dans le pacte social français, qui est très importante parce que c'est justement ça que visait le terrorisme le 13 novembre. Et ça a peut être vacillé sur l'instant, mais ça n'a pas cédé"."