Contrairement à l’attitude provocatrice et emportée qu’il avait eu depuis le début du procès des attentats du 13-Novembre, c’est un Salah Abdeslam très calme et très poli qui s'est adressé non seulement à la cour mais aussi à la salle et aux victimes : "On a attaqué la France, on a visé la population, des civils, mais en réalité on a rien de personnel à leur égard."
Dans la salle, des parties civiles ont fondu en larmes et hoché la tête de colère. "On s'est toujours demandé ce qu'il avait dans la tête. Maintenant, on sait", lâche David Fritz Goeppinger, otage du Bataclan. "C'est terrible. En tant que victimes, on a vécu ça, on a été visé, personnellement touché. Et là, d'un coup, on nous dit ouvertement que 'ce n'est pas de votre faute mais bon, vous étiez là, donc pas de chance'. C'est d'une indignité absolue. (…). La violence, la violence d'entendre ça… Je n'ai pas les mots."
Comme pour répondre à ces parties civiles, Salah Abdeslam explique qu’il ne veut "pas remuer le couteau dans la plaie mais être sincère et ne pas leur mentir". Il clôture son propos par un "merci de m'avoir écouté". C’est finalement la première fois que Salah Abdeslam assume pleinement son "combat contre la France", selon ses mots. Depuis six ans, il ne s’était quasiment pas exprimé.
"Je suis très en colère", confie une partie civile
"J'avais déjà entendu sa voix de loin sur la web radio", explique Sophie, 37 ans, qui était dans la fosse au Bataclan le soir des attentats. "L'entendre là, sur le coup, ça m'a fait pleurer. Il y a beaucoup de fébrilité de se retrouver toujours dans la même pièce que lui. Mais au fur et à mesure qu'il s'exprimait… Je suis sortie très en colère. Je pense qu'il a fait le show encore une fois parce qu'il sait qu'il a des tribunes et que ça va être relayé. Il a fait ça juste pour être sûr qu'on allait parler de lui. Mais à aucun moment, je pense qu'il est sincère dans ce qu'il dit", tranche celle qui venait à l'audience pour la première fois.
Les autres accusés étaient aussi invités à faire une courte déclaration. Certains ne nient pas leur implication tout en la minimisant quand d’autres réservent leurs explications pour leurs interrogatoire sur le fond du dossier, pas avant le début de l’année 2022.