Pour la reprise du procès des attentats du 13-Novembre, la cour d'assises spéciale de Paris a pris mardi des allures de salle de spectacle pour l'audition de Jesse Hughes, le chanteur du groupe de rock américain Eagles of Death Metal qui se produisait au Bataclan le soir de l'attaque. Des rescapés et des victimes du Bataclan étaient en nombre dans la salle pour entendre leur idole. "Les événements qui se sont produits le 13-Novembre ont changé ma vie à jamais", a raconté, via une interprète, le chanteur américain, tout de noir vêtu avec un lacet rouge autour du cou.
"90 de mes amis ont été tués"
D'une voix forte et claire, Jesse Hughes a rappelé comment, "au milieu du concert", il a entendu des tirs. "Venant d'une communauté désertique en Floride, je connais le son des armes. J'ai reconnu que c'était des tirs", dit-il, "je savais ce qui allait arriver, je sentais la mort se rapprocher de moi". Ce soir-là, "90 de mes amis ont été tués de manière haineuse devant nous", témoigne-t-il avec émotion. "Tous ceux qui étaient au concert ce soir-là étaient mes amis".
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"Ce que les assaillants ont essayé de faire ce soir-là, c'est de faire taire la joie liée à la musique, mais ils ont échoué", poursuit le chanteur, qui assure avoir "pardonné" aux "pauvres âmes qui ont commis ces actes". "Je prie pour eux et pour leur âme, que la lumière de notre Seigneur jaillisse sur eux", dit-il avant de conclure avec des paroles du chanteur Ozzy Osbourne : "you can't kill rock'n'roll", "on ne peut pas tuer le rock'n'roll". Le chanteur quitte la salle. Il prend dans ses bras plusieurs parties civiles. Certains pleurent. Jesse Hughes aussi.