"La musique adoucit les mœurs." Le célèbre adage a rarement trouvé autant de sens. Le soir du 13 novembre 2015, Cédric et Gilles sont au premier rang, comme à chaque fois, du concert qui se tient au Bataclan. C'est le 799ème concert de Cédric. À ce moment-là, Gilles en a déjà un peu plus à son actif : à 63 ans, il en fait 200 par an, et il a commencé en 1977. En tout ce soir-là, ils sont une trentaine à se connaître en habitués des concerts de rock.
Quand les tirs commencent, ils sont projetés à terre. Cédric est petit et réussit à ramper hors de la salle. "On a une petite différence de taille", fait remarquer Gilles lors du procès. Lui est grand, costaud, avec des cheveux gris et une barbe très fournie. La peur le paralyse, mais il finit par sortir, aidé par le mouvement de foule. Très rapidement, il appelle Cédric pour le rassurer.
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Une reconstruction côte à côte
Les deux amis ne se quitteront plus, et c'est en partie ensemble qu'ils se reconstruiront. "Il y avait un besoin physique de retourner à un concert le plus vite possible", explique Cédric. Dès le mardi 17 novembre 2015, c'est chose faite. Chaque concert "était un pas en avant", dit-il. Deux semaines plus tard, avec d'autres, ils se prennent en photo en concert, et l'envoient au chanteur d'Eagles of Death Metal, le groupe qui jouait au Bataclan le soir des attentats. Gilles y retourne un an après le 13 novembre. Sans parent proche, il a trouvé une famille avec Cédric. "Sa fille, c'est ma filleule maintenant", conclut-il avec émotion.