La foule est abattue, les têtes baissées. Seules des voix sourdes émergent, comme des chuchotements. Parmi les nombreuses personnes présentes ce samedi, devant le collège du Bois d'Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines, des collègues du professeur Samuel Paty, sauvagement assassiné la veille. Des élèves, aussi, qui pleurent leur enseignant d'histoire-géographie disparu.
"Ses cours étaient percutants"
"J'ai souvenir d'un professeur dont les cours n'étaient pas simplement intéressants, ils étaient percutants", témoigne Jean-Philippe, qui était dans la classe du professeur Paty l'an dernier. Il était resté très lié à son enseignement favori. "Il nous apprenait bien plus que de l'histoire, il nous apprenait aussi à lui donner un sens", poursuit le jeune homme. "Je ne comprends pas. Hier, j'ai voulu lui rendre visite, mais malheureusement je suis arrivé trop tard."
L'enseignant de 47 ans a été décapité, vendredi, à Conflans-Sainte-Honorine, et son agresseur présumé tué par la police, dans la ville voisine d'Eragny, dans le Val-d'Oise. Selon une source policière, la victime avait montré récemment à ses élèves des caricatures de Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression.
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"On est dans un monde de fous"
Certains ne réalisent toujours pas et ne parviennent pas à s'expliquer un tel drame. Sabrina, parent d'élève venue déposer une rose à la porte de l'établissement avec son fils, est "choquée de voir ce collège à la télé". Son fils "est angoissé de reprendre, il est choqué depuis hier soir", poursuit-elle. "Depuis une semaine ça tourne en boucle dans le collège, il y a eu une polémique, il m'a dit 'ça va mal finir', il y a eu des plaintes, c'était sous tension depuis une semaine."
Des habitants de Conflans-Sainte-Honorine se sont également joints à l'hommage. L'hommage à un professeur, un citoyen, un voisin. "Cela me touche beaucoup parce que ça ne devrait pas arriver", raconte Gisèle, très émue. "On est dans un monde de fous. Cela fait des années qu'on habite ici et on n'a jamais connu ça. Jamais."
Devant le collège, les arrivées sont continues. Nombreux sont ceux à vouloir passer l'après-midi devant l'établissement. D'autres y entrent même, afin de profiter de la cellule psychologique mise en place dès samedi matin.