L’Assemblée nationale entame ce lundi l’examen du projet de loi contre les séparatismes, rebaptisé "confortant le respect des principes de la République". Le texte, qui entend lutter contre les dérives sectaires, est particulièrement sensible, car il cible principalement l’islamisme radical, et donc une religion : l’islam. Le projet de loi prévoit une batterie de mesures sur la neutralité du service public, la lutte contre la haine en ligne, l'instruction en famille, le contrôle renforcé des associations, une meilleure transparence des cultes et de leur financement, et encore la lutte contre les certificats de virginité, la polygamie ou les mariages forcés.
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Beaucoup de musulmans craignant d’être stigmatisés. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, n’a pas ménagé ses efforts pour convaincre les responsables du culte de l’opportunité de cette clarification. Elle doit attester de l’attachement à la laïcité, du respect de l’égalité hommes-femmes, de la transparence de l’islam dans son financement et donc de son émancipation des puissances étrangères.
2.650 amendements
Politiquement, les Républicains et le Rassemblement national dénoncent un texte jugé faible car il ne s’attaque pas à la question du port du voile ou encore de l’émigration. Parmi les amendements déposés par les députés RN figure donc l’interdiction des "tenues islamistes" - comme le voile - dans tout l'espace public, un sujet qui a déjà animé les débats sur le projet gouvernemental en commission spéciale. Les amendements de députés LREM visaient à interdire son port pour les petites filles. L’interdiction de la scolarisation à domicile est un autre point de tension, la mesure étant jugée excessive et manquant sa cible, selon les députés de droite.
Pour la gauche, la crainte la plus prégnante est celle d’une stigmatisation des musulmans. Les députés dénoncent un texte qui divise la société. Au total, quelque 2.650 amendements ont été déposés par les députés et le gouvernement, selon les informations de l’AFP. Les responsables français des autres grandes religions - catholique, protestante et juive - sont quant à eux dubitatifs. Ils redoutent de subir des restrictions à la liberté de culte et de conscience en raison des problèmes que pose la pratique de l’islam en France.