La bataille entre les pro et les anti-ours est-elle en train de se raviver ? Depuis plusieurs semaines, les tensions remontent autour de cet animal qui a causé plusieurs incidents dans le département pyrénéen de l'Ariège. Ainsi, pas moins de 56 brebis ont déroché au début du mois d'août, sautant de la falaise, effrayées par un ours aperçu à plusieurs reprises près de la commune de Bethmale. Yves, un berger expérimenté, s'est lui fait courser par un ours, en pleine nuit. Sans la cabane dans laquelle il s'est réfugié, il est persuadé qu'il aurait perdu la vie.
"Le loup reste un grand prédateur"
Pour Patrick Ferrié, éleveur et président de l'Addip (Association pour le développement durable de l'identité des Pyrénées), même les chiens de protection ne servent plus à rien. "On sait que les mesures de protection ne marchent pas. On peut mettre les parcs qu'on veut, on peut mettre les pattes où l'on veut, ça reste un grand prédateur. Et quand il a envie de bouffer ou faire le con, il fait le con", peste-t-il. "Quand on se fait courser par un ours, on n'a pas forcément le moral et on en arrivera à un jour où il y a des estives (un pâturage d'été, en montagne, ndlr) qui ne seront plus gardées, faute de personnel."
C'est dans le Couserans, dans le bassin supérieur de Salat, que les attaque sont les plus nombreuses cette année. François Thibaut, de la Confédération paysanne, a déjà perdu trois brebis et son estive ne connait pas une semaine sans incident : "Une attaque dans le parc de nuit avec cinq chiens de protection, nous, on ne l'avait jamais eue. Cette année, on l'a eu quatre ou cinq fois. Ils s'habituent à la présence de moyens de protection et ils apprennent à les contourner. Il y a de plus en plus d'ours et il y aura de plus en plus de rencontres."
Des éleveurs veulent être armés
Pour l'éleveur, "c'est un sentiment d'impuissance" qui domine aujourd'hui, face à l'État. "Le sentiment d'impuissance est lié au statut de protection du prédateur qui fait qu'il est intouchable et qu'on ne sait pas du tout comment on va se sortir de ça." Ce qu'ils craignent, c'est un drame. Certains réclament même de pouvoir être armés, quand d'autres demandent la légalisation de bombes au poivre, commercialisées notamment au Canada, pour se défendre contre les attaques d'ours.