Pour les autorités françaises, le cas de Djamel Beghal est un véritable casse-tête, une épine dans le pied. Cet islamiste de 52 ans, l'un des visages du terrorisme en France, achève de purger une peine de 10 ans de prison à Vezin-le-Coquet, près de Rennes, pour avoir participé au projet d'évasion d'un membre du Groupe islamique armé algérien (GIA). Il doit sortir de prison lundi prochain, le 16 juillet. Mais son sort à sa sortie fait l'objet de tractations diplomatiques entre la France et l'Algérie.
Déchu de sa nationalité française. Djamel Beghal, considéré comme le mentor de Chérif Kouachi et d'Amedy Coulibaly, deux des auteurs des attentats de janvier 2015 à Paris, a été naturalisé français en 1995. Or, cet homme parti s'entraîner au combat en Afghanistan au début des années 2000, a été condamné pour terrorisme en 2005, et déchu de sa nationalité française en 2007. Djamel Beghal devait donc être expulsé vers l'Algérie. Mais face aux risques qu'il encourait dans son pays natal, Djamel Beghal avait finalement obtenu le droit de rester dans l'Hexagone, et avait été assigné à résidence en 2009, avant d'être à nouveau condamné en 2013.
L'Algérie fait barrage. Depuis, l'islamiste a changé d'avis et souhaite retourner en Algérie. Début mars, la cour d'appel de Rennes avait rendu une décision autorisant une liberté conditionnelle suivie d'une expulsion vers l'Algérie. Mais désormais, c'est semble-t-il Alger qui bloque. Djamel Beghal n'a plus de passeport algérien en sa possession, rappelle L'Obs, qui a pu consulter une synthèse de la direction des libertés publiques du ministère de l'Intérieur. Il y est notamment écrit que l'Algérie, "a priori, ne veut pas remettre un laisser-passer consulaire".
"Une situation d'apatride". Pour l'avocat de Djamel Beghal, Me Bérenger Tourné, la situation est incompréhensible. "L'objectif pour lui, c'est de retrouver sa terre natale. Et l'Algérie ne peut pas indéfiniment refuser l'un de ses nationaux. Elle ne peut pas créer une situation d'apatride. Ce n'est pas quelque chose qui serait possible au regard du droit international", tonne le conseil au micro d'Europe 1.
Assigné à résidence en France ? Si d'ici lundi, malgré les tractations diplomatiques au plus haut niveau, aucun accord n'est trouvé entre Paris et Alger, Djamel Beghal reprendra la vie qu'il a vécue pendant plusieurs mois : assigné à résidence. C'est ce qu'a annoncé il y a quelques jours la garde des Sceaux, Nicole Belloubet. Pour rappel, c'est à cette occasion qu'en 2009, il avait reçu chez lui, dans le Cantal, Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly, futurs terroristes de Charlie Hebdo et de l'Hypercacher.
Selon une source proche du dossier, les autorités françaises pourront également engager une nouvelle procédure administrative d'expulsion, synonyme de rétention pour Djamel Beghal.