Rapport sur la radicalisation : "On parle du principe de précaution pour la canicule, c'est la même chose"

"On ne peut pas, d'un côté, estimer qu'une personne présente un risque pour la sûreté de l'Etat, et de l'autre, lui donner accès à des secteurs clés", s'insurge Médéric Chapitaux. 1:47
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Pour le chercheur Médéric Chapitaux, invité de Sébastien Krebs sur Europe 1 mercredi matin, identifier les personnes radicalisées sans en tirer de conséquences pose des problèmes de sécurité. 
INTERVIEW

Un rapport parlementaire publié mercredi pointe la vulnérabilité des services publics face à la radicalisation de certains agents, un phénomène présenté comme marginal mais inquiétant. L'ancien gendarme Médéric Chapitaux, qui prépare un doctorat sur la question à l'université Paul Sabatier de Toulouse, était l'invité de Sébastien Krebs, mercredi matin sur Europe 1.

Pour le spécialiste, si l'identification des personnes radicalisées est désormais relativement efficace, elle ne débouche généralement sur aucune mesure, ce qui pose un problème de sécurité. De fait, quand un agent d'une administration est identifié comme radicalisé, on ne peut pas le licencier, ce n'est pas un motif. "Ce n'est pas une condamnation. A partir du moment où la radicalisation n'a pas de constitution juridique, il n'y a pas de raison d'empêcher cette personne de travailler", explique le chercheur, qui s'est particulièrement intéressé au milieu du sport. 

Un éducateur sportif suivi par les renseignements peut continuer à exercer

"Aujourd'hui, des éducateurs sportifs sont en face à face pédagogique avec des enfants au quotidien, et s'ils sont radicalisés et suivis par les services de renseignement, rien ne les empêche d'exercer avec une carte professionnelle. Comment vont-ils véhiculer les valeurs de la République ?", s'interroge-t-il. 

La question se pose également dans les aéroports. Les agents qui ont accès à des zones à risque ont un badge rouge, remis par l'Etat. Le jour où l'Etat décide de retirer ce badge, la personne ne peut pas être licenciée pour autant, donc on l'affecte à une autre zone de l'aéroport. "C'est le rôle de l'Assemblée nationale de réfléchir à une loi sur le sujet. Il faut encadrer ce dispositif. On ne peut pas, d'un côté, estimer qu'une personne présente un risque pour la sûreté de l'Etat, et de l'autre, lui donner accès à des secteurs clés", s'insurge Médéric Chapitaux.

"Il y a des vraies questions de sécurité qui se posent pour l'ensemble de la population. On parle du principe de précaution en ce moment dans le cadre de la canicule, c'est exactement la même chose pour ce cas-là", conclut-il.