La Cour européenne des droits de l'Homme appelle Paris à réexaminer la demande de rapatriement de deux femmes retenues en Syrie. 2:14
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William Molinié, édité par Yanis Darras
La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) enjoint Paris à réexaminer rapidement les demandes de rapatriement de deux femmes djihadistes et de leurs enfants, détenus actuellement en Syrie. La France paie ainsi son opacité sur le sujet depuis des années. Mais depuis quelques mois, la France a décidé de changer de stratégie sur le sujet.

C'est un arrêt qui pourrait faire jurisprudence dans toute l'Europe. Ce mercredi, la Cour européenne des droits de l'homme (CDEH) a demandé à la France de revoir sa copie sur le retour des djihadistes. Car la France paie une forme d'opacité de sa stratégie ces dernières années, le Quai d'Orsay ayant expliqué appliquer une politique de cas par cas.

En réalité, la diplomatie française a préféré laisser les Français ayant rejoint Daesh entre les mains des Kurdes plutôt que de s'encombrer avec des rapatriements. Mais cette position s'est, au fil des ans, heurtée à celle des services de renseignements intérieur, et notamment la DGSI, qui estime qu'il est bien plus facile de suivre sur le territoire national ces profils pour prévenir d'éventuels passages à l'acte. Cet été, la doctrine française a discrètement changé. 

"Nous avons déjà fait évoluer les règles"

"On n'a pas attendu la décision de la Cour européenne des droits de l'homme pour avancer, puisque cet été, au mois de juillet, la France a procédé au rapatriement de seize femmes qui étaient au nord-est de la Syrie et d'une trentaine d'enfants. Ça veut dire que nous avons déjà fait évoluer les règles d'examen et de rapatriement", expliquait en conférence de presse, le porte-parole, Olivier Véran.

Reste à savoir si la justice française aura les moyens de suivre ces femmes de retour d'Irak ou de Syrie. Tout dépendra de leur profil et de la menace qu'elles représenteront une fois sorties de prison. Le suivi des cibles est avant tout une histoire de priorités que tentent de définir des groupes d'évaluation au niveau du département.

 

Cibles molles

Les moyens de la surveillance ne sont de toute façon, pas extensibles à l'infini. Autrement dit, le haut du spectre est, lui, plutôt bien couvert par nos services. Les failles se trouvent dans le moyen et le bas du spectre, ce qu'on appelle les cibles molles.

L'exemple parfait serait une femme radicalisée qui sort de prison et qui n'a pas fait parler d'elle pendant toute sa détention. Si elle n'agite aucun capteur dans les deux ans qui suivent, il y a de fortes chances qu'elle soit "débranchée". Et c'est là, la menace principale : qu'un projet d'action violente passe totalement sous les radars, suite à la fin de la surveillance d'une cible molle.