Les océans sont en piteux état. Les experts du Giec doivent dévoiler leur rapport spécial sur les océans et les zones gelées, ce mercredi à 11 heures, à Monaco. Cinq jours de débats, des milliers d'études officielles compilées auront été nécessaires pour la rédaction de cette synthèse. Et les conclusions sont alarmantes. "Nous sommes en train de perdre la bataille" a même déclaré Emmanuel Macron, lors de son discours à l'ONU.
Les océans, des alliés contre le réchauffement climatique
Pourtant, les océans sont nos alliés majeurs dans la lutte contre le réchauffement car ils absorbent environ un quart de nos gaz à effets de serre. Plus chauds, plus acides et moins salés, ils subissent les conséquences de l'activité humaine. L'eau de mer a perdu en concentration d'oxygène, elle se réchauffe trop en surface, ce qui empêche l'oxygène d'atteindre les profondeurs et provoque l'asphyxie d'une partie des poissons et des animaux marins. Particulièrement préoccupantes également : les canicules marines. C'est simple : si nous continuons à émettre autant de CO2 qu'aujourd'hui, ces vagues de chaleur en mer devraient se multiplier et le corail n'y survivrait pas.
Migrations de poissons
Les poissons, eux, commencent déjà à migrer à cause du réchauffement climatique, comme l'explique Alain Biseau, coordinateur à l'Ifrem (Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer). "La population marine a commencé à migrer. Chaque espèce recherche les températures idéales pour son développement. Dans le futur, nous allons donc trouver des poissons que l'on ne connaissait pas, des poissons du sud qui vont venir "coloniser" nos eaux car elles présentent des conditions plus favorables. A l'inverse, des espèces de poissons qui se plaisaient dans nos eaux vont migrer vers le nord car les températures sont devenues trop élevées". Et le chercheur de donner quelques exemples, comme celui du thon rouge qui se déplace du côté de la mer du nord et de la Norvège, ou encore le cabillaud qui va nager du côté de la Norvège, de la mer de Barents ou du côté de Spitzberg.
En plus des océans, le rapport du Giec devrait également pointer du doigt les dégâts causés aux zones gelées. Les glaciers en Europe pourraient ainsi perdre plus de 80% de leur volume d'ici 2100 et les terres gelées en permanence - appelées les permafrost - pourraient fondre d'un tiers d'après un scénario optimiste. Dans le pire des cas, elle pourrait disparaître complètement et libérer tout le CO2 emprisonné ainsi que 800.000 tonnes de mercure et de substance toxiques contenues dans la glace. L'ampleur de cette catastrophe annoncée dépendra toutefois de l'importance des mesures prises par les Etats pour tenter d'y remédier.