Deux députés publient mercredi un rapport sur le communautarisme au sein des services publics. Eric Diard (LR) et Eric Poulliat (LREM) ont auditionné des hauts fonctionnaires, des chercheurs et de nombreux acteurs de terrain (policiers, pompiers, syndicats de transports). Leurs conclusions ? Les services publics, notamment les secteurs cruciaux de la sécurité et de l'éducation, sont peu touchés par la radicalisation. Mais la menace persiste et des progrès restent à faire dans les prisons, la santé ou les transports (plus d'infos dans notre article ici).
À la RATP, par exemple, la direction a transmis l'an dernier 5.808 dossiers au Service national des enquêtes administratives de sécurité (SNEAS). Sur ces 5.808 cas, 124 étaient jugés problématiques. Certains dépôts de bus, notamment, doivent "faire l’objet de la plus grande attention".
"Si vous voulez faire votre prière, c'est à la maison, pas au travail"
Dans l'un des dépôts de la région parisienne où Europe 1 s'est rendue, il n'est en tout cas pas facile d’aborder le sujet. "Communautarisme" : le mot fait peur à certains chauffeurs. Ils ne préfèrent même pas en parler. Martine, elle, l’a suffisamment vécu à ses dépens pour pointer du doigt certains de ses collègues, qui refusaient de lui dire bonjour. "C'est vrai que certains ne disent pas bonjour parce que c'est dans leur religion. On a une charte désormais. Ces gens là sont partis ou ils sont sur une ligne où on les oublie un peu", raconte-t-elle au micro d'Europe 1.
Cette charte dite "de la laïcité et de la neutralité dans l’entreprise" a fait bouger les lignes au sein de la RATP. Certains agents prient encore sur leur lieu de travail mais cette situation reste marginale, indique par exemple le rapport parlementaire. Pour Youssef, chauffeur de bus qui se déclare musulman pratiquant, la religion n’a rien à faire au travail. "C'est strictement interdit de faire la prière dans le dépôt, dans le bus. Si vous voulez faire votre prière, c'est à la maison, pas au travail", insiste-t-il. Mais les agents que nous avons pu rencontrés vont tous dans le même sens : la direction de la RATP doit "agir encore plus fort", disent-ils, pour faire baisser le communautarisme.