Le gouvernement doit faire face à une nouvelle vague de protestations, qui ont éclaté en marge du mouvement des "gilets jaunes". Portés par la contestation de leurs aînés, des lycéens ont en effet bloqué une centaine d'établissements lundi. En ligne de mire : la réforme du bac ou encore la création d'un service national universel.
188 lycées touchés lundi matin. Le ministère de l'Éducation a comptabilisé dans la matinée de lundi une centaine de lycées perturbés à travers la France, avec des blocages complets ou partiels. Parmi les académies les plus touchées figurent Toulouse (une quarantaine d'établissements perturbés), Versailles et Créteil (une vingtaine dans chacune de ces académies). En fin de journée, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a indiqué que 188 lycées avaient été touchés.
"On veut une révolte générale", a déclaré à l'AFP Nabil Hedar, porte-parole du SGL, un des syndicats lycéens, appelant de ses voeux "un mouvement intergénérationnel, avec les 'gilets jaunes'". S'il réclame des "impôts plus justes" et "une dissolution de l'Assemblée nationale", rejoignant ainsi certaines revendications de "gilets jaunes", les lycéens portent des revendications propres.
Bac, Parcoursup et service national. Les mots d'ordre des syndicats lycéens (UNL, SGL, Fidl...) évoquent ainsi les réformes du bac et du lycée et la plateforme d'accès aux études supérieures Parcoursup. "Concernant Parcoursup par exemple, nous sommes toujours contre le fait de donner aux universités la possibilité de faire un tri parmi les élèves. Nous demandons donc au gouvernement de revenir sur ce point", détaille dans Marianne Marouane Majrar, vice-président de la FIDL. Et d'enchaîner : "Du côté de la réforme du bac, nous voulons que des cours d'art oratoire soient proposés dans tous les lycées du territoire afin de préparer au mieux les élèves au grand oral qui doit voir le jour avec la nouvelle formule du bac. Un nouvel exercice qui, sinon, va encore accentuer les inégalités scolaires".
" Beaucoup de gens essayent de s'engouffrer dans la brèche de contestation pour tout et n'importe quoi "
Autre désaccord avec les annonces du gouvernement : la création du service national universel (SNU) qui sera testé sur des jeunes volontaires dès le mois de juin, avant sa mise en oeuvre à tous les jeunes d'une génération d'ici à 2026. Une mesure "imposée aux jeunes" sans contrepartie pour les aider à construire leur avenir, déplorent les syndicats.
Jean-Michel Blanquer appelle à la prudence. Jusqu'à présent, les appels à se mobiliser, l'an dernier contre Parcoursup ou cette année contre les réformes du lycée et le SNU, n'avaient rencontré que peu d'écho. Mais les "gilets jaunes" ont donné du souffle à la contestation, qui se décline aussi sur les réseaux sociaux à travers le mot clé #RevancheLycéenne.
"Il n'y a pas de raison que la contestation des 'gilets jaunes' ait un impact sur les lycées", a estimé pour sa part le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer, interrogé par LCI. Le pourcentage de lycées bloqués est "très faible" au regard des 4.000 lycées sur le territoire, et les blocages sont le fait d'"une toute petite minorité", a-t-il estimé. "Beaucoup de gens essayent de s'engouffrer dans la brèche de contestation pour tout et n'importe quoi". Mardi dans le Parisien, le ministre a reconnu un "effet collatéral" de la mobilisation des "gilets jaunes", appelant les lycéens à "faire attention aux dérives violentes".
Lundi, une voiture a été incendiée devant un lycée de Villiers-Saint-Frédéric (Yvelines) et trois lycéens interpellés, selon la gendarmerie. En Seine-et-Marne, des manifestations se sont déroulées autour de cinq lycées et 16 personnes ont été interpellées après des incidents (mobilier urbain et voitures de police endommagés), selon la préfecture. Trente-deux personnes ont aussi été interpellées dans le Val-d'Oise où onze lycées ont été touchés, à des degrés divers, par des incidents, a indiqué la préfecture. Des incidents (projectiles sur les forces de l'ordre, incendie de poubelles...) ont aussi éclaté à Bordeaux, Pau, Limoges, Dijon, Lyon ou encore Thionville et Forbach en Moselle, avec plusieurs interpellations.