Des responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui tient mardi soir à Paris son repas annuel de rupture du jeûne du ramadan, ont dit leur "incompréhension" après avoir appris que le Premier ministre Édouard Philippe ne s'y exprimerait pas.
Macron était présent en 2017. C'est le ministre de l'Intérieur - chargé des relations avec les cultes -, Gérard Collomb, qui prononcera un discours à cette occasion, a indiqué son cabinet. Matignon a confirmé qu'Edouard Philippe ne s'exprimerait pas. Il pourrait toutefois "passer prendre le thé" brièvement à l'issue de cet événement organisé au Pavillon Dauphine (XVIe arrondissement), a indiqué le président du CFCM, Ahmet Ogras.
Un an après avoir reçu à sa table le président Emmanuel Macron, premier chef de l'État à participer à cette rupture du jeûne ou "iftar" depuis dix ans, l'institution représentative du deuxième culte de France avait renouvelé pour 2018 son invitation auprès du président de la République. Le rendez-vous devait avoir lieu entre le 31 mai et le 5 juin. Mais l'Élysée, invoquant les contraintes de l'agenda présidentiel, avait fait savoir que c'est en fait le Premier ministre qui représenterait le chef de l'État, selon le CFCM, qui s'était alors entendu avec Matignon sur la date du 12 juin.
"Sujet extrêmement difficile". Samedi dernier, le CFCM annonçait encore dans un courriel à ses invités que son "iftar sera(it) honoré par la participation du Premier ministre". "Il avait confirmé sa présence. Mais nous avons été informés lundi matin qu'il ne s'exprimerait pas", a indiqué Ahmet Ogras, confiant son "incompréhension".
Le président du CFCM fait l'hypothèse que le Premier ministre ne souhaitait pas évoquer la réorganisation de l'islam en France, chantier directement piloté par Emmanuel Macron, qui a repoussé sa prise de parole sur ce dossier épineux.
"Ils croyaient le sujet facile et sont pris au piège", analyse Ahmet Ogras, qui temporise en estimant que l'absence de discours du Premier ministre "n'est pas la fin du monde". Interrogé à l'issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a évoqué "un sujet extrêmement difficile, délicat et sensible", auquel le président de la République "consacre du temps".