Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a appelé mercredi la ville de Strasbourg à inhumer "le plus rapidement possible" et "dans l'anonymat" Cherif Chekatt, auteur de l'attentat du marché de Noël, pour "éviter d'en faire une victime". "J'appelle les autorités à respecter la loi du pays, à ne pas faire de cet assassin une victime et qu'on l'enterre le plus rapidement possible pour que l'on ne parle plus de lui", a déclaré Abdallah Zekri, délégué général du CFCM.
Risque de créer un lieu d'hommage, selon le maire. Dans une déclaration au quotidien Les Dernières Nouvelles d'Alsace mercredi, le maire de la ville, Roland Ries (PS) s'est dit "plutôt hostile, sinon réticent" à l'inhumation de Cherif Chekatt à Strasbourg, "car il y a un risque de créer un lieu d'hommage à ce criminel". "Un type qui a assassiné cinq personnes, je pense que c'est pour moi un problème de lui accorder l'inhumation à Strasbourg", a ajouté le maire. "Il y a l'article L2223-3 du Code général des collectivités territoriales qui dit notamment que toute personne résidente dans une commune doit être enterrée dans la commune", a rétorqué Abdallah Zekri auprès de l'AFP. Selon lui, "il va y avoir des salafistes, des intégristes, qui vont dire que Cherif Chekatt est une victime et qu'on ne veut pas de lui". "On veut qu'il soit enterré d'une manière anonyme dans le cimetière musulman de Strasbourg" pour "faire taire la polémique, alors que des familles souffrent et ont perdu des êtres chers à cause de ce criminel", a-t-il poursuivi.
Une question polémique.L'embarrassante question des dépouilles de terroristes réapparaît en France après chaque attentat. En 2016, le conseil d'Etat a rendu une décision autorisant un maire à refuser l'autorisation d'inhumation dans un cimetière communal, pour prévenir notamment des troubles à l'ordre public, et ce "quelles que puissent être les circonstances". La juridiction administrative suprême avait été saisie par la commune de Mantes-la-Jolie qui refusait d'inhumer le djihadiste Larossi Abballa, auteur du double assassinat d'un policier et de sa compagne, à Magnanville.
Le père de Cherif Chekatt va demander le rapatriement en Algérie. Le père de Cherif Chekatt s'est présenté mercredi à la mairie pour indiquer qu'il allait demander le rapatriement du corps de son fils en Algérie, a fait savoir la Ville plus tard mercredi. "Il fallait qu'il obtienne des actes de décès. Il nous a indiqué qu'il allait demander au consulat d'Algérie un rapatriement du corps de son fils", a dit la mairie. Le maire de Strasbourg Roland Ries a estimé qu'il s'agirait de "la solution la plus simple". "La famille demande qu'il soit enterré en Algérie. À condition que l'Algérie l'accepte, le corps sera transféré et ce serait pour moi la solution la plus simple", a-t-il dit à l'AFP. "Si pour une raison ou pour une autre, cela ne marchait pas, si l'Algérie ne l'acceptait pas par exemple, la possibilité d'avoir une sépulture anonyme, sans médiatisation, pourrait être une solution", a-t-il ajouté.