Depuis 2017, les violences homophobes à l'école ont augmenté de 38%. Pour tenter de lutter contre ces violences, le ministère de l'Éducation lance lundi une grande campagne de sensibilisation contre l'homophobie et la transphobie dans les collèges et les lycées de France. Le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer, invité d'Europe 1 lundi matin s'est rendu dans un lycée professionnel du 19ème arrondissement de Paris pour présenter les contours de cette campagne.
>> Alors que le ministère de l'Education nationale prend ce problème à bras le corps, Europe 1 a suivi un bénévole de SOS Homophobie au collège Joseph Roumanille, à Avignon. L'association anime un atelier par jour dans les collèges de France. Reportage.
"Moi je ne sais pas si les gays, on doit les appeler monsieur ou madame." C'est un retraité, Alain, qui anime l'atelier. Ce grand-père, cheveux blancs en brosse, plutôt costaud et avec un accent du sud dans la voix, est venu évoquer avec franchise le sujet de l'homophobie pendant deux heures face à une classe de 4ème.
Et les élèves sont autorisés à dire tout ce qu'ils pensent. "J'ai un fils comme ça, je l'envoie à la guerre. J'envoie mon fils à la guerre pour qu'il s'endurcisse", lâche l'un d'eux. "Quelqu'un qui aime une personne du même sexe, on respecte mais on a le droit de ne pas aimer", confie une autre. "C'est sale", "moi je ne sais pas si les gays on doit les appeler monsieur ou madame", peut-on également entendre dans cette salle de classe.
Au bout d'un moment, les élèves commencent à se demander si cette personne venue leur parler d'homophobie, n'est pas elle-même homosexuelle. Alain leur répond très simplement et sincèrement : "Est-ce que je suis gay ? Oui ! Je me suis rendu compte que j'étais gay quand j'avais votre âge, à peu près en 4ème. A l'époque, en France, l'homophobie était énorme. On considérait que l'homosexualité était une maladie mentale et on considérait que c'était un délit."
"Quand ils disent ça, j'ai presque envie de les tuer." C'est alors que la journaliste d'Europe 1 qui assiste à la scène, s'adresse à un garçon un peu fluet, Ayman, pour lui demander s'il lui arrive d'entendre des insultes homophobes dans la cour de récréation. Sa copine a notamment expliqué que les autres disent de lui qu'il est homosexuel car il ne joue qu'avec des filles. Au moment de répondre, il se met à pleurer : "Ils me disaient 'sale pédé', 't'aimes les hommes' et moi, quand ils disent ça, j'ai envie de les frapper. J'ai presque envie de les tuer."
A la fin de l'atelier, Alain fait un rapide sondage à mains levées. "Qui a changé d'opinion sur les homosexuels ?", demande-t-il. Les deux tiers des élèves lèvent la main.